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Le président français Emmanuel Macron a reconnu les violences commises par la France au Cameroun pendant et après la lutte pour l’indépendance de ce pays d’Afrique centrale. Cette reconnaissance fait suite à un rapport conjoint rédigé par des historiens camerounais et français, qui examine la répression des mouvements indépendantistes par la France entre 1945 et 1971.
Dans une lettre adressée au président camerounais Paul Biya, rendue publique mardi, Emmanuel Macron a affirmé que le rapport montrait clairement qu’une guerre avait eu lieu au Cameroun et que les autorités coloniales et l’armée française avaient exercé diverses formes de violences dans certaines régions. « Il m’appartient aujourd’hui d’assumer le rôle et la responsabilité de la France dans ces événements », a-t-il écrit.
Cependant, le président français n’a pas présenté d’excuses officielles pour les atrocités commises par les troupes françaises. Il a mentionné quatre figures emblématiques de l’indépendance, dont Ruben Um Nyobe, leader du parti anticolonialiste UPC, qui ont été tuées lors d’opérations militaires françaises. Selon le rapport, la France a envoyé des centaines de milliers de Camerounais dans des camps d’internement et a soutenu des milices brutales pour réprimer la lutte pour l’indépendance.
Emmanuel Macron a également exprimé sa volonté de collaborer avec le Cameroun pour poursuivre les recherches sur cette période, en mettant les conclusions à la disposition des universités et des institutions scientifiques. La question des réparations n’a pas été abordée, mais elle devrait être un sujet important dans les discussions à venir.
Sous le mandat de Macron, la France a reconnu plusieurs épisodes violents de son passé colonial. L’an dernier, elle a reconnu pour la première fois qu’elle avait commis un massacre au Sénégal en 1944. Le président français avait aussi reconnu le rôle de la France dans le génocide rwandais et présenté ses excuses.
La France a par ailleurs tenté de se réconcilier avec son ancienne colonie, l’Algérie, mais sans jamais présenter d’excuses officielles. En 2017, Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation de l’Algérie de « crime contre l’humanité », tout en précisant deux ans plus tard qu’il n’y aurait ni repentir ni excuses, tout en prévoyant des actes symboliques pour promouvoir la réconciliation et commémorer cette période.
Récemment, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont rompu leurs relations avec la France, l’accusant de maintenir une influence néocoloniale dans la région.
Daniel GABA DOVI (stagiaire)