Karim Tabbou : Tebboune « veut un 6e mandat »

Dans un entretien accordé à choufchouf et algeriepartplus, Karim Tabbou, coordinateur de l’Union démocratique et sociale ne prend pas de

Dans un entretien accordé à choufchouf et algeriepartplus, Karim Tabbou, coordinateur de l’Union démocratique et sociale ne prend pas de gants pour dire ce qu’il pense de la lamentable situation dans laquelle le régime a plongé le pays. Nous reproduisons ici l’essentiel de ses réponses.

“La contre-révolution est là, elle est menée contre toutes celles et tous ceux qui, un jour du 22 février 2019, ont osé défier la peur et revendiquer le changement du système politique dans notre pays (…) Le pouvoir est vaincu sur le plan politique, défait sur le plan psychologique, il tente de se maintenir par la force. C’est pourquoi, il tente d’intimider les militants et les contraindre au silence par le chantage judiciaire et la menace ».

“Au lieu de parier sur un conflit dont nous n’avons aucune maîtrise, il est temps pour nous les Algériens de réfléchir aux perspectives, aux choix stratégiques futurs pour s’assurer au minimum une place respectable dans ce monde (…) Rester bloqué par ce système obsolète qui soumet l’Etat à l’autorité de l’Armée et qui réduit les institutions à une espèce de bureaucratie rentière, encadrée et maintenue par une police politique omniprésente, c’est prendre le chemin à contre sens de l’histoire ! Il arrivera le jour où regretter que nos vulnérabilités soient aiguisées et exploitées et que les surenchères culturalistes, identitaires, ethnicistes et religieuses prennent le dessus sur tout et que tout se radicalise, sera sans utilité. »

« Les faits sont là et ils sont têtus, ils apportent la démonstration que les prises de position de l’Algérie restent globalement favorables à son allié politique et militaire.

Le premier fait : l’abstention de l’Algérie lors du vote de la résolution adoptée par les Nations Unies exigeant l’arrêt des opérations militaires en Ukraine, montre bien l’assentiment de l’Algérie pour les actions de Poutine. L’abstentionnisme, tout en donnant l’apparence de neutralité, ne concourt pas à modifier les données du terrain, bien au contraire il les maintient en l’état (…) Personnellement je considère qu’au-delà de sa dimension géopolitique et de ses corollaires économiques et culturels, cette guerre déclarée par la Russie contre l’Ukraine doit faire l’objet de sévères et fermes sanctions.

Le deuxième fait : le vote négatif de l’Algérie sur la suspension de la Russie de son siège au Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies, confirme sa solidarité avec Poutine. Pour les pays qui ont voté contre cette résolution, la notion des droits de l’homme n’est qu’un luxe occidental. »

La « maladresse » de Tebboune

« Sur les questions du Sahel, le chef de l’Etat a fait preuve d’un manque de maîtrise des enjeux qui l’entourent. La crise au Sahel est multidimensionnelle, elle est à la fois géopolitique, identitaire et anthropologique (…) Lorsque le chef de l’Etat explique que l’Algérie est entourée de pays qui ne lui ressemblent pas, il commet une maladresse. Les liens fraternels et de solidarité des peuples de cette région sont si forts qu’une telle assertion, venant d’un chef de l’Etat, ne peut qu’altérer et porter un coup à ces relations. Attester que notre pays est entouré de pays qui ne lui ressemblent pas, c’est faire preuve de méconnaissance de la sociologie de la région. »

“C’est un mouvement révolutionnaire d’espoir qui a rassemblé toutes les forces démocratiques du changement. Ils étaient des millions d’Algériens à exiger le départ de ce système autoritariste et liberticide. Si le chef de l’Etat a préféré, à l’occasion de son entretien avec l’envoyé de Washington, passer sous silence cette question c’est parce qu’il garde une profonde animosité envers le Hirak qui lui a clairement signifié qu’il est illégitime et qu’il est président autoproclamé. Les Algériens savent bien que ce n’est pas sa volonté personnelle et encore moins celle de la Nation qui ont fait de lui un « président ».

« (…) Nous sommes toujours dans l’ère Bouteflika, les mêmes procédés sont là et la finalité reste leur maintien. La question du consensus a été tranchée par le Hirak autour d’un seul et unique objectif : le départ du régime et la mise en place d’un processus de transition devant aboutir à l’avènement d’un Etat de droit.

A travers cette « nouvelle manœuvre politicienne » (main tendue, NDLR) le pouvoir veut imposer un sixième mandat tout en donnant une apparence politique nouvelle faite de «consultations » avec des partis et les « représentants civils » de la société. »

L’appât a été lancé, conséquemment à l’annonce d’un probable remaniement ministériel, les chefs des partis politiques en hibernation depuis des mois se réveillent et s’activent pour prendre place. Une classe politique disqualifiée par la rue et qui sait que son destin est lié à celui du pouvoir ; en dehors de ses ancrages institutionnels, cette classe politique ne dispose d’aucun ancrage populaire. »

Ces politicards reçus en grande pompe…
“(…) Pendant de longs mois, tous ces politicards reçus en grande pompe médiatique à El Mouradia qui versent aujourd’hui des larmes de crocodiles sur les prisonniers d’opinion n’ont même pas daigné dénoncer les atteintes graves aux droits et aux libertés des Algériens. Ce défilé à lui seul suffit pour comprendre les calculs du pouvoir (…) »

Le pouvoir tente de retrouver son équilibre après la secousse Hirak pour aller progressivement vers les arrangements internes au sérail.

Le pouvoir n’est nullement préoccupé par la question des détenus du Hirak, le chef de l’Etat peut, à n’importe quel moment, prendre des mesures pour leur libération. Le seul et unique problème du pouvoir reste le Hirak. Il s’emploie par toutes les manœuvres possibles pour rendre impossible son retour en intégrant dans sa démarche cette partie de la classe politique irrésistible à l’attrait de la mangeoire !”

Concernant le pouvoir, “chaque clan s’est créé une zone de confort et de non droit, des secteurs d’activités et même des monopoles. Il arrive que pour des raisons politiques et parfois d’intérêts économiques les uns se retrouvent confrontés aux affaires des autres et les luttes s’enclenchent. Il y a eu des exemples de faits graves et non élucidés de ces luttes (…)”.

Source: Le Matin d’Algérie

Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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