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Dans les rivières boueuses d’Amérique du Sud, une mère porte ses enfants de la manière la plus troublante qui soit.
Le crapaud du Suriname, Pipa pipa.
Son dos se transforme en nurserie, chaque œuf étant pressé contre sa peau jusqu’à ce qu’il gonfle et devienne une chambre. De l’extérieur, elle semble porter des cicatrices. Mais à l’intérieur, la vie grandit.
Les jours se transforment en semaines. Sous sa peau, les têtards se transforment en minuscules grenouilles. Et puis, l’éruption : de petits corps jaillissent, se libèrent, sautent dans l’eau tels des grenouillettes pleinement formées.
C’est à la fois choquant et extraordinaire. Pas d’étang. Pas de nid. Aucune chance pour les prédateurs de voler les œufs. Le refuge le plus sûr pour ses petits est sa propre chair.
La science appelle cela un investissement parental extrême. Mais en réalité, c’est quelque chose de plus profond : un sacrifice qui la marque, un rappel vivant que dans la nature, l’amour est souvent gravé dans le corps.