L’accord d’expulsion entre les États-Unis et le Rwanda : une extension controversée de la politique d’immigration de Trump

Le 4 août 2025, les États-Unis et le Rwanda ont finalisé un accord permettant à ce pays africain d’accueillir jusqu’à 250 migrants expulsés des États-Unis, marquant ainsi une intensification significative de la stratégie d’immigration intransigeante du président Donald Trump. Cet accord, signé en juin et confirmé par la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, reflète la volonté de l’administration de sous-traiter les expulsions vers des pays tiers, notamment ceux du Sud. Si les États-Unis présentent cet accord comme une solution pour expulser les migrants « les plus démunis », ses détracteurs le dénoncent comme un précédent dangereux qui risque de violer les droits humains et de mettre à rude épreuve la société rwandaise post-génocide.

Détails de l’accord

  1. Portée et conditions
  • Le Rwanda accueillera jusqu’à 250 migrants, principalement des personnes ayant un casier judiciaire et purgé leur peine. L’accord exclut les délinquants sexuels sur mineurs et permet au Rwanda de vérifier le profil de chaque individu.
  • Les personnes expulsées bénéficieront d’une aide à l’intégration, comprenant un logement, des soins de santé et une formation professionnelle, mais seront libres de quitter le Rwanda par la suite.
  1. Incitations financières
  • Les États-Unis verseront au Rwanda une subvention (montant non divulgué) pour couvrir les coûts, à l’instar de paiements similaires effectués au Salvador (6 millions de dollars pour l’incarcération des personnes expulsées).
  1. Contexte juridique et diplomatique :
  • L’accord fait suite à une décision de la Cour suprême de juin 2025 autorisant les expulsions de pays tiers sans examen des demandes d’asile, bien que des poursuites judiciaires contestant sa légalité soient en cours.
  • L’implication du Rwanda s’inscrit dans le cadre de sa stratégie plus large visant à se positionner comme un partenaire migratoire pour les pays occidentaux, malgré l’échec d’un accord similaire conclu en 2022 avec le Royaume-Uni pour des raisons de droits de l’homme. Motivations et controverses pour les États-Unis
  • L’administration Trump cherche à contourner les arriérés d’immigration et à décourager l’immigration irrégulière en expulsant les migrants vers des pays lointains, réduisant ainsi les chances de retour.
  • Les critiques affirment que cette politique viole les normes internationales relatives aux réfugiés, car les migrants risquent d’être refoulés (retour forcé vers des pays d’origine dangereux) ou isolés dans des pays où ils n’ont pas d’attaches.

Pour les gains économiques du Rwanda

L’accord apporte une aide financière et renforce l’image du Rwanda comme une « solution » aux crises migratoires mondiales, à l’instar de son programme soutenu par l’ONU pour les réfugiés libyens.

  • Effet de levier diplomatique : le Rwanda négocie simultanément un accord de paix avec la République démocratique du Congo (RDC) sous l’égide des États-Unis, ce qui suggère que l’accord sur les migrations pourrait être lié à des faveurs géopolitiques plus larges.

Préoccupations relatives aux droits humains

  • Des groupes de défense des droits humains, dont Amnesty International, avertissent que la gouvernance autoritaire du Rwanda et ses infrastructures d’asile limitées le rendent inadapté à la protection des personnes expulsées.  
  • L’échec de l’accord britannique avec le Rwanda, bloqué par les tribunaux en raison de risques pour la sécurité, constitue un précédent édifiant. 

Implications plus larges

  • Tendances migratoires mondiales
    Cet accord illustre la « gestion des migrations externalisée », où les pays riches transfèrent leurs responsabilités aux États plus pauvres, ce qui pourrait encourager des accords similaires dans toute l’Afrique. 
  • Stabilité régionale
    L’implication du Rwanda dans les programmes d’expulsion américains coïncide avec la fragilité des efforts de paix en RDC, ce qui soulève des questions quant à savoir si la diplomatie migratoire est utilisée pour contrebalancer les critiques concernant son soutien présumé aux rebelles du M23.

Emebe Asefa, Correspondant
Addis-Abeba, Éthiopie

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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