0076/HAAC/01-2023/pl/P
L’armée française est accusée d’avoir tiré sur des manifestants à Téra, dans l’ouest du Niger, a révélé le journal français « Libération » dans une enquête publiée jeudi.
« Plusieurs témoins, joints par téléphone par Libération, ont donné leurs versions des évènements de la matinée de samedi, au cours de laquelle au moins onze autres manifestants ont été gravement blessés », a rapporté le media, ajoutant que « leurs récits, concordants, font état de tirs directs de la part des soldats français en fin de matinée, pour forcer le passage du convoi ».
« Au début, ils ont utilisé des gaz lacrymogènes, ça a duré plusieurs heures, sans discontinu. Puis avant 11heures, un avion français est venu, il a lâché des lacrymogènes (en réalité, des leurres habituellement utilisés pour brouiller le guidage des missiles, ndlr). Après ça, les soldats français se sont rassemblés et ont ouvert le feu », a indiqué Fayçal Hamadou, père d’un des manifestants blessés.
« La grande bagarre a eu lieu à la sortie de Téra, près du poste de police, les Français tiraient cette fois à balles réelles », a soutenu Ali Issifi dont un fils figure aussi parmi les blessés.
Un autre témoignage tout aussi accablant pour l’armée française est celui de Moussa Harouna dont un petit-fils a été blessé.
« J’ai vu de mes propres yeux les militaires français tirer sur les jeunes qui n’avaient que des cailloux. Les soldats français se sont regroupés en plusieurs lignes, ils étaient rassemblés sur le goudron, ils se déplaçaient en même temps, ils ont tiré face à eux, pas au-dessus, ni à gauche ni à droite », a-t-il affirmé, insistant que « ce n’est pas un seul militaire qui a tiré, ils sont plusieurs à ouvrir le feu ».
Samedi 28 novembre, plusieurs jeunes avaient érigé des barricades pour empêcher le passage d’un convoi de l’armée française à Téra, la principale ville frontalière entre le Niger et le Burkina Faso.
Le convoi, qui avait déjà été bloqué par d’autres jeunes manifestants au Burkina Faso, était escorté par une unité de la Gendarmerie nationale et devait se rendre à Gao au Mali.
Au bout de quelques heures, les manifestants avaient été violemment dispersés. Selon un bilan publié par le ministère de l’Interieur, deux manifestants avaient été tués et dix-huit (18) autres ont été blessés, dont onze (11) graves. Sans préciser qui des soldats français ou des gendarmes nigériens avaient ouvert le feu ,le communiqué a annoncé l’ouverture d’une enquête « pour situer les responsabilités ».
Un troisième manifestant a succombé à ses blessures, lundi, après son évacuation à l’hôpital national de Niamey en compagnie de treize autres blessés.
Dans des interviews accordées à plusieurs médias français, le porte-parole de l’armée française Colonel Pascal Ianni a nié la responsabilité des militaires français dans la fusillade contre les manifestants de Téra.
AGORA 24