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Le pagne est un élément emblématique de la culture africaine, bien que sa conception soit souvent réalisée en Europe.
Le pagne est bien plus qu’un tissu : c’est une mémoire vivante, un langage visuel, un vecteur d’identité. En Afrique de l’Ouest, il accompagne les grands moments de la vie — mariages, funérailles, cérémonies religieuses — et raconte des histoires à travers ses motifs et ses couleurs. Chaque imprimé a une signification, chaque choix de tissu est une déclaration.
Mais derrière ce symbole profondément africain se cache une réalité étonnante : une grande partie des pagnes vendus sur le continent sont conçus, imprimés et commercialisés par des entreprises européennes, notamment aux Pays-Bas et en Angleterre. Des marques comme Vlisco, très présentes en Afrique, ont longtemps dominé le marché avec des designs inspirés des cultures africaines… mais produits hors du continent.
Comment expliquer que ce tissu si africain soit majoritairement fabriqué ailleurs ? Ce paradoxe soulève des questions sur la souveraineté culturelle et économique. L’Afrique célèbre le pagne, mais dépend de l’extérieur pour sa production. Cela reflète une histoire coloniale, mais aussi un manque d’industrialisation textile locale.
Heureusement, de plus en plus de créateurs africains se réapproprient le pagne. Des marques locales émergent, des ateliers de tissage et d’impression voient le jour, et une nouvelle génération de stylistes valorise les tissus faits sur le continent. Le pagne devient alors un outil de résistance, de fierté et de développement.
Acheter un pagne local, c’est soutenir l’artisanat, l’économie et la culture africaine. C’est refuser que notre identité soit façonnée ailleurs. Le pagne est un drapeau invisible : à nous de décider qui le tisse.