« C’est fou ! » « Surréaliste ! » « Ils sont d’un autre monde ! » « Ils sont aidés par Dieu »… Les superlatifs les plus insensés pleuvaient mercredi soir à l’issue du match Real-City et de son incroyable finish sous forme d’une nouvelle remontada qui a stupéfait supporters et spectateurs. Même Courtois, le héros de cette soirée, n’en revenait pas : « C’était dingue. On y croit même à 1-0. On n’était pas vraiment bien, puis arrive le 1-1 et on voit qu’ils ont peur. Je ne peux pas l’expliquer, c’est incroyable ! »
Les commentateurs en sont restés bouche-bée. Comment expliquer cet extraordinaire retournement de situation à la dernière minute du temps réglementaire ? Les experts ont sorti leurs fiches, comparé la technique et le physique de chaque joueur des deux camps ; ils ont revu les passes, les tirs, les coups francs et les ratages ; ils ont décortiqué les tactiques adoptées par les deux entraîneurs, rien de rien, ils n’ont trouvé aucun fil qui mène à la compréhension de ce qui venait de se passer !
Mais comment donc peut-on marquer deux buts en trois minutes alors que, durant les 89 minutes écoulées, on n’a pu en marquer aucun ? Et comment une équipe avantagée par le score, maîtrisant son sujet, peut-elle lâcher comme ça, coulant sans réagir ? La logique perd sa tête dans cette succession d’événements irréels qui relèvent, pour certains, du mystique.
On ne peut s’empêcher d’évoquer la remontada contre le PSG qui marque encore les esprits. Puis, celle contre Chelsea. On oublie certes celle qui permit aux Merengue de marquer trois buts à Manchester alors qu’ils étaient menés (0-2), mais bon ce n’est peut-être pas une remontada dans la forme et le timing… Et puis, voilà la plus folle, la plus incroyable au cours de cette nuit magique à nulle autre pareille. Deux remontadas, ça va ! Trois, ce n’est plus un miracle, c’est autre chose, c’est un phénomène venu d’un autre monde.
Les joueurs peut-être ? Oui, la clé de l’énigme se trouve probablement chez cette armada de battants qui ne s’avouent jamais vaincus, cette force qui s’abat sur l’adversaire comme un ouragan de force 7, cette furia qui emporte tout sur son passage. On les sent survoltés face au défi du temps, luttant implacablement contre ces minutes qui s’égrènent alors que le stade survolté les pousse à l’impossible. C’est là, dans cette course contre le temps, que le Real semble trouver toute la plénitude de ses moyens et même un peu plus : une nouvelle force invincible venu du ciel !
Ancelotti, qui compte des succès à la pelle dans les plus grands championnats européens, est resté impassible, comme à son habitude. Sa tactique s’est avérée la plus payante. A côté de lui, Guardiola avait le teint ciré. Lui aussi ne comprenait pas ce qui venait d’arriver. Pourtant, de nombreux titres de la presse, ainsi que de simples commentateurs sur les réseaux sociaux, lui reprochent beaucoup de choses. A commencer par les changements à près d’un quart d’heure du match.
S’il est déjà arrivé à Pep Guardiola de trop « philosopher » dans des rendez-vous importants et de perdre bêtement des titres, je pense qu’hier soir, il a agi comme n’importe quel entraîneur. Avec deux buts d’écart, on pense à dégarnir l’attaque et à renforcer la défense ou le milieu défensif. Mais s’il a eu raison de sortir de Bruyne au rendement insignifiant, il n’aurait pas dû remplacer Mahrez. Non pas que Mahrez était plus présent que De Bruyne dans ce match où lui aussi ne touchait pas beaucoup de ballons et semblait isolé à l’aile droite, ne recevant que de rares passes ! Mais simplement parcequ’il a marqué un somptueux but qui a libéré momentanément les Citizen et qu’il pouvait en marquer d’autres.
La machine de City fonctionnait à la perfection dans la possession de balle et cela n’est pas une nouveauté mais l’équipe peine à marquer devant une défense où brille le gardien Courtois, ultime et solide rempart devant les attaques incessantes des Sterling, Foden, Guerlish et autres. Oui, Mahrez aurait constituer un danger permanent et en cela, ce fut une erreur de le sortir.
Mais ce qui est arrivé n’est de la faute à personne. Guardiola avait réussi à qualifier son équipe jusqu’à la 90e minute du match. Ce qui est venu après, ce n’était plus du football. C’était autre chose, quelque chose que l’on ne peut ni définir, ni comprendre, ni expliquer. Dans cette arène où le public venait de voir le souffle d’une force venue d’ailleurs, les joueurs en blanc qui couraient dans tous les sens avaient l’air d’une troupe d’anges prêts à voler dans les cieux.
Il faudra pourtant remettre les pieds sur terre pour entamer la préparation du rendez-vous contre les Reds, l’autre ouragan rouge…
Le soir d’Algérie