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Au Mali, une vague d’arrestations secoue l’armée. Depuis plusieurs jours, une vingtaine à une cinquantaine de militaires, dont deux généraux, ont été interpellés. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu renverser la junte au pouvoir. Les autorités n’ont pour l’instant fait aucune déclaration officielle.
Selon des sources sécuritaires et politiques, ces arrestations sont liées à une « tentative de déstabilisation des institutions ». Tous les interpellés sont des militaires accusés de vouloir renverser la junte militaire, arrivée elle-même au pouvoir à la suite de deux coups d’État en 2020 et 2021.
Parmi les personnalités arrêtées figure le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de la région de Mopti et figure respectée de l’armée. Un proche a confié que des soldats sont venus l’arrêter à son domicile de Kati, près de Bamako, sans lui préciser les raisons. Un autre général a également été arrêté : il s’agit de Nema Sagara, l’une des rares femmes à occuper un poste élevé dans la hiérarchie militaire malienne.
Aucune communication officielle n’a été faite par les Forces armées maliennes (FAMa), qui n’ont pas évoqué ces arrestations dans leur journal hebdomadaire diffusé le 10 août.
Ce nouvel épisode intervient dans un contexte de tensions internes au sein de l’armée. Selon le sociologue malien Oumar Maïga, « cette affaire montre que les militaires ont du mal à maîtriser la situation ». Certains soldats contesteraient notamment le rôle grandissant des mercenaires russes d’Africa Corps, déployés aux côtés de l’armée malienne dans la lutte contre les groupes djihadistes, au détriment des militaires locaux.
Depuis 2012, le Mali est plongé dans une grave crise sécuritaire et politique, marquée par la présence de groupes armés liés à Al-Qaïda et à l’État islamique, ainsi que par des violences communautaires. À cela s’ajoute une crise économique et des restrictions accrues des libertés par le pouvoir militaire.
Daniel GABA DOVI (stagiaire)