Niger: Les conséquences d’une intervention militaire de la CEDEAO et la France

Depuis plus d’une semaine nous disons que les conséquences d’une intervention militaire de la CEDEAO au Niger seraient catastrophiques pour toute la zone. Comme nous l’avons déjà indiqué à plusieurs reprises, nous sommes contre les coups d’état car justifiés ou pas ils ouvrent toujours la porte vers l’inconnu et l’incertitude. Nous restons convaincu que les coups d’états récents en Afrique de l’Ouest ne peuvent avoir de sens que si les transitions se terminent par des élections libres et transparentes, les régimes militaires sont dans des situations d’exceptions qui ne peuvent durer dans le temps.
Ceci étant dit et redit, il faut souligner qu’une intervention militaire pour rétablir Bazoum au pouvoir sera vouée à l’échec et aura des conséquences pire que la destruction de la Libye par l’OTAN, voici les conséquences que je vois pour les différents pays et acteurs impliqués.

NIGER : L’UNION de toute l’armée et du peuple Nigérien ne laisse la porte ouverte à aucune intervention militaire qui puisse être un succès. Quelque soit le mode d’intervention celui-ci ne peut pas réussir et aura des conséquences très lourdes en pertes humaines dans la population civile. Ensuite, aucune force de la CEDEAO ne pourra vaincre l’armée Nigérienne sur l’ensemble du territoire Nigérien, les force de la CEDEAO pourront au mieux se retrouver face à une guérilla redoutable sur un territoire désertique qu’ils ne maitrisent pas et qu’ils ne pourront jamais contrôler car ils feront face à une armée asymétrique mêlant militaires et civils.

NIGERIA : Le Nigeria est déjà divisé face à une intervention militaire au Niger. Le président Nigérian n’a aucune légitimité pour entrer en Guerre, que ce soit au niveau institutionnel (Sénat…) ou au niveau de la population qui est totalement opposée à une intervention contre le peuple frère du Niger. Toute intervention au Niger va provoquer une division des différents états du Nigeria, surtout au niveau des états du nord qui sont socialement proche du Niger (les haoussa n’accepterons jamais de tuer des haoussa au Niger), le Nigeria se trouvera très rapidement déstabilisé avec la réactivation des groupes armés tels Boko Haram et d’autres groupes dans le Biafra. L’exécutif fédéral ne survivra pas à une telle déstabilisation et n’aura pas d’armée pour intervenir au Niger.

COTE D’IVOIRE : La CI n’a pas une armée capable de combattre au Niger, le bataillon que DAO compte mobiliser ne pourra même pas tenir une semaine sur le territoire Nigérien. L’opposition Ivoirienne qui est en embuscade va s’opposer à l’intervention et cela va créer une crise politique majeure en CI. La population ivoirienne qui est à moitié composée de personnes originaires du Mali, du Burkina, du Niger, du Ghana, ne sera pas favorable à une intervention, cela va fortement fragiliser le régime Ouattara car ce sont ces mêmes personnes qui ont facilité sa prise du pouvoir en 2011. Il ne faut pas avoir la mémoire courte, la rébellion ivoirienne qui a mis Ouattara au pouvoir était totalement dépendante du Burkina et du Mali dans une moindre mesure. Ouattara va se retrouver confronté aux mêmes qui lui ont permis d’accéder au pouvoir. Si le Mali et le Burkina décide de soutenir le Niger en transportant la guerre en CI il ne leur prendra pas une semaine pour traverser la frontière et menacer Abidjan. Demandez aux rebelles des FAFN comment ils ont fait en avril 2011, vous comprendrez pourquoi la CI ne peut pas gagner une guerre face au Mali et le Burkina (Soro, Sherif Ousmane, Zakaria et autres sont encore vivants).

BENIN : L’armée Béninoise ne pourra pas passer la frontière Nigérienne, elle sera décimée en moins d’une semaine et les Soldats Nigériens vont occuper très rapidement le nord du Benin, le Benin s’en trouvera déstabilisé.

TCHAD : Le Tchad n’a pas d’état depuis plus de 40 ans, les différentes tribus vont s’activer pour essayer de renverser le clan Deby qui en réalité ne contrôle pas le pays et ne tient que par le soutien de l’armée Française. Il faut savoir qu’il y a plusieurs rébellions tchadiennes qui n’attendent qu’une occasion pour se réactiver depuis leurs bases arrières du Soudan et de la Libye (c’est déjà en cours). La conséquence sera une nouvelle guerre civile au Tchad.

ALGERIE : L’Algérie est en alerte car elle sait que certains rêvent de la déstabiliser, depuis la modification de sa constitution elle peut intervenir sur un territoire étranger, par conséquence si elle sent le moindre danger venir du Niger elle occupera le nord du Niger et du Mali pour sa propre sécurité.

FRANCE : La France va réactiver les groupes terroristes et rebelles au Mali et au Niger (c’est déjà en cours) pour tenter de déstabiliser ces deux armées et créer une insécurité accrue pouvant justifier une intervention directe de l’OTAN. Cela est très risqué car pour la France agir à visage découvert aura pour conséquence une déclaration de guerre à toute l’Afrique et aura des conséquences incalculables sur l’avenir de la France en Afrique. Il faut également y voir la prudence des américains qui ont conscience qu’un chaos dans le sahel sera pire qu’en Libye, il y a peu de chance que les USA interviennent.

SÉNÉGAL : Une intervention du Sénégal serait un véritable suicide pour Macky Sall dont le régime dictatorial est déjà à l’agonie. Si le Sénégal s’engage dans cette nouvelle aventure cela va ouvrir la porte à un coup d’état dans ce pays (ce que personne ne souhaite).

Enfin pour terminer, la principale raison qui fera échouer une intervention est la plus importante mais dont personne ne semble se préoccuper. Les POPULATIONS AFRICAINES sont à plus de 95% opposées à toute guerre qui provoquera encore des massacres sur le continent. Aucune intervention n’aura une légitimité populaire dans aucun des pays concernés.
SALAM.

Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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