Le président nigérian Muhammadu Buhari a inauguré, lundi 22 mai, la méga-raffinerie de pétrole de l’homme le plus riche d’Afrique, Aliko Dangote. La cérémonie a été marquée par la présence de nombreux chefs d’Etat de la région dont Faure Gnassingbé, le président de la république du Togo. La raffinerie, d’une capacité de traitement de 650.000 barils de pétrole par jour et dont le coût global est estimé à 25 milliards de dollars, permettra d’approvisionner le Nigeria et les pays de la sous-région.
Après trois reports, la grande raffinerie de pétrole d’El Hadj Aliko Dangote a finalement été inaugurée, ce lundi 22 mai 2023, par le président nigérian Muhammadu Buhari en présence de Faure Gnassingbé. C’est certainement le dernier acte du président nigérian en exercice qui devra céder les commandes du pays au nouveau président élu Ahmed Bola Tinubu.
Outre le président du Nigeria, la cérémonie a été marquée par la présence de nombreux chefs d’Etat: à part Faure Gnassingbé du Togo, il y avait aussi Macky Sall du Sénégal, Nana Akufo-Addo du Ghana, Mohamed Bazoum du Niger ainsi que de hautes personnalités nigérianes et étrangères.
Cette infrastructure aura nécessité un investissement de plus de 25 milliards de dollars. La nouvelle structure a une capacité de traitement de 650.000 barils de pétrole par jour, ce qui en fait la plus grande raffinerie du continent et la 6e au monde.
Implantée à Lekki, dans l’Etat de Lagos, sur un site de 2.500 hectares, la raffinerie sera alimentée en brut par l’un des plus importants réseaux d’oléoducs sous-marins au monde (1.100 km).
Du point de vue de la modernité, la raffinerie de Dangote a un indice de complexité Nelson de 10,5, ce qui en fait l’une des plus complexes au monde sachant que l’indice moyen des raffineries américaines est de 9,5 et celles d’Europe de 6,5. Cet indice varie en fonction du nombre et de la capacité des procédures chimiques après la distillation. La raffinerie de Jamnagar, en Inde, est l’une des plus complexes au monde avec un indice de 21,1.
La raffinerie de Dangote produira de l’essence, du diesel de qualité Euro-V, du carburéacteur et d’autres produits raffinés. La qualité des produits raffinées au sein de cette méga-raffinerie permettra d’exporter les excédents de carburant vers d’autres continents.
Pour son approvisionnement, cette raffinerie pourra d’abord compter sur l’Etat nigérian via la compagnie pétrolière nationale (Nigerian national petroleum corporation, NNPC) qui détient 20% du capital de la raffinerie de Dangote, après avoir débloqué 2,76 milliards de dollars. Cette compagnie va fournir la moitié du brut nécessaire au fonctionnement de la raffinerie. Celle-ci s’est engagée à fournir 300.000 barils de brut par jour à la Dangote Oil Rafinery, soit presque la moitié des besoins quotidiens de la méga-raffinerie. Pour le reste, la raffinerie pourra compter sur l’offre locale de brut, le Nigeria étant le premier producteur africain de pétrole de bonne qualité.
La raffinerie aura des impacts positifs sur le Nigeria et sur les pays de la sous-région. En premier lieu, elle permettra de sécuriser l’approvisionnement en carburants du pays. Le Nigeria, premier producteur de pétrole du continent, importe d’Europe, et jusqu’à présent, la quasi-totalité de ses besoins en carburant. Avec cette raffinerie, la première économie africaine et les pays de la sous-région pourront faire face aux problèmes de pénuries et de ruptures des chaînes d’approvisionnement internationales.
Ensuite, l’arrêt des importations de carburants permettra au gouvernement d’économiser annuellement plus de 10 milliards de dollars dédiés jusqu’à présent aux importations de produits pétroliers raffinés. De même, l’exportation des excédents vers les pays étrangers, notamment ceux d’Afrique, génèrera de recettes en devises pour le pays.
En conséquence, l’arrêt des importations et les exportations de carburants vont accroître les réserves en devises du pays et revitaliser la monnaie locale, le naira, qui a souffert ces dernières années de la faiblesse du niveau des réserves en devises du pays, à cause, en grande partie, des importations de carburants. En plus de cet impact sur le naira, les économies réalisées et les recettes d’exportation de carburant devraient améliorer la balance des paiements du pays.
Par ailleurs, la disponibilité de carburants à un coût localement plus abordable aidera le gouvernement dans sa politique de lever les subventions sur les carburants et donner davantage de marge aux autorités qui pourront ainsi affecter les dépenses liées aux subventions vers d’autres secteurs sociaux tels que la santé, l’éducation…
Enfin, cette raffinerie va contribuer à la diversification de l’économie nigériane, la première du continent qui repose jusqu’à présent sur l’exportation du brut.