Opération militaire en Cisjordanie : la barbarie coloniale ne fait pas de trêve

Dès le cessez-le-feu à Gaza, Israël a lancé l’assaut contre l’autre territoire palestinien. Elle s’appelait Laila Al-Khatib, elle n’avait que deux ans et demi. Elle a été assassinée par l’armée israélienne le samedi 25 janvier, lors d’un raid en Cisjordanie.

La grand-mère de la fillette a expliqué que la famille était en train de dîner chez elle dans la ville de Jénine lorsque le drame a eu lieu. «Il y a eu des coups de feu et les fenêtres se sont brisées. Quand les filles ont entendu les tirs, elles ont commencé à courir à l’intérieur». La mère de l’enfant «était en train de la nourrir [quand] elle a reçu une balle du tireur embusqué dans la tête». Laila Al-Khatib était la seule enfant de sa mère, le père est décédé il y a deux ans dans un accident de travail. Le journal israélien Haaretz explique que l’armée « mène l’enquête sur cet incident ».

Ce crime déchirant s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle offensive militaire d’Israël. Dès le lendemain du cessez-le-feu précaire décrété à Gaza, l’armée israélienne a intensifié sa guerre en Cisjordanie, l’autre territoire palestinien. Cette opération baptisée «Mur de fer» démontre que la violence coloniale n’a pas de fin, et que l’État militarisé et fasciste ne s’arrêtera de semer la désolation – à Gaza, au Liban, en Syrie ou en Cisjordanie – que s’il y est contraint.

Encouragée par l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, l’armée israélienne a perquisitionné des dizaines de maisons, arrêté de nombreux palestiniens, y compris des enfants, assiégé et évacué des camps de réfugié-es. Elle a aussi détruit des logements, des entreprises et des infrastructures. Les opérations militaires se concentrent à Jénine, ville considérée comme un bastion de la résistance palestinienne, et à Tulkarem.

Le ministre des Affaires étrangères Israël Katz a expliqué que cette offensive «marque un changement dans la stratégie de sécurité des forces israéliennes en Judée et Samarie [le nom biblique utilisé par les sionistes d’extrême droite pour désigner la Cisjordanie]». Le ministre fasciste des Finances Bezalel Smotrich a déclaré : «Après Gaza et le Liban, aujourd’hui, avec l’aide de Dieu, nous avons commencé à changer le concept de sécurité en Judée et en Samarie».

La rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a lancé un nouveau message d’alerte : «Alors que le cessez-le-feu tant attendu se mettait en place à Gaza, la machine de mort israélienne a intensifié ses tirs en Cisjordanie […] Si Israël n’est pas contraint de s’arrêter, le génocide des Palestiniens ne se limitera pas à Gaza. Je vous le dis».

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a livré son analyse : «Israël, enhardi par les succès militaires qu’il a remportés, pense que c’est le moment de procéder à l’annexion de la Cisjordanie et de maintenir Gaza dans une sorte de situation d’incertitude».

Breaking the Silence, un groupe d’anciens soldats israéliens appelant à la fin de l’occupation des territoires palestiniens, a déclaré la semaine dernière que Jénine risquait d’être «gazaïfiée» par l’armée israélienne, «avec des frappes aériennes et la destruction des infrastructures».

Entre autres exactions, les forces israéliennes ont encerclé l’hôpital Khalil Suleiman de Jénine, un établissement soutenu par Médecins Sans Frontières. Deux infirmières et trois médecins ont été abattus sur la route principale menant au bâtiment le mardi 21 janvier.

Des violences paramilitaires ont également été commises par des dizaines de colons masqués, qui ont attaqué les villages de Jinsafut et al-Funduq près de Jérusalem lundi 20 janvier, en apportant des armes pour incendier des bâtiments et des voitures, avant d’attaquer trois maisons, une crèche et un atelier de menuiserie. Ils ont également jeté des pierres et tiré des coups de feu. Des attaques similaires ont eu lieu dans d’autres villages.

Autre signe d’impunité totale, l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, est sommée par Israël de cesser ses opérations à Jérusalem et évacuer tous les bâtiments qu’elle utilise d’ici le 30 janvier. Une menace gravissime.

Depuis le 7 octobre 2023, Israël accélère son programme d’annexion de la Cisjordanie. Durant les 6 premiers mois de l’année 2024, l’État sioniste s’était accaparé 23,7 kilomètres carré de terres palestiniennes, en violation totale du droit international. En grignotant ce qu’il reste de territoire aux palestiniens, il s’agit de rendre impossible toute création d’un État Palestinien viable. Pour rappel, la Cisjordanie est un territoire reconnu internationalement, elle n’est pas contrôlée par le Hamas, ni impliquée dans le 7 octobre.

Le nettoyage ethnique mené par Israël se joue donc sur deux fronts : à Gaza, territoire désormais anéanti et dont la population est ouvertement menacée de déportation par le président des USA ; et en Cisjordanie, attaquée et annexée à petit feu, dans l’indifférence de la communauté internationale. Le but d’Israël étant d’étendre son État d’apartheid colonial de la mer au Jourdain.

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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