Ils gâchent nos soirées d’été. Et pire encore, ils sont à l’origine de la propagation de maladies parfois graves. Les moustiques. Pourquoi ne pas les éradiquer définitivement ? Parce qu’ils ont un rôle à jouer dans la nature. Voici lequel.
Quoi de plus insupportable qu’un moustique qui siffle à nos oreilles au cœur d’une nuit d’été ? La piqûre dudit moustique qui n’en finit plus de démanger ? Difficile à dire. Mais une chose est à peu près sûre. Personne n’aime les moustiques. D’autant que l’insecte infernal est aussi vecteur de maladies. Le moustique-tigre, par exemple, peut transmettre le virus Zika, la dengue ou le chikungunya. Des millions de personnes sont touchées chaque année dans le monde. Et de plus en plus dans le contexte de réchauffement climatique et d’intensification des échanges commerciaux et touristiques.
Alors certains scientifiques se sont lancés dans une course un peu folle. Ils espèrent modifier la génétique des moustiques vecteurs de maladies – sur plus de 3 000 espèces de moustiques, seules environ 200 piquent les humains – pour stériliser les mâles. Objectif : épuiser l’espèce. Il y a plus de 20 ans déjà, une biologiste estimait qu’éradiquer 30 types de moustiques permettrait de sauver la vie d’un million de personnes dans le monde. Le tout sans trop porter atteinte à la diversité génétique des moustiques.
Le rôle du moustique dans les écosystèmes
L’ennui, c’est que les moustiques ont aussi un rôle à jouer dans notre environnement. D’abord parce qu’ils constituent – eux-mêmes ou leurs larves – le casse-croûte de nombreux autres animaux. Des oiseaux aux batraciens en passant par les chauves-souris, les libellules, les araignées ou encore les poissons. C’est plutôt connu.
Ce qui l’est sans doute un peu moins, c’est que le moustique est aussi un pollinisateur. Il se nourrit en effet essentiellement de nectar de fleurs. Son rôle en la matière n’est probablement pas aussi important que celui des abeilles ou des papillons. Les chercheurs n’ont jamais réellement travaillé sur la question. Mais tout de même. Ils savent que dans les régions arctiques, par exemple, le moustique est tout particulièrement précieux pour la survie de certaines plantes.
Enfin, les moustiques à l’état de larve, notamment, consomment des micro-organismes qui se trouvent dans l’eau. Ainsi que les résidus d’autres insectes. Leur manière d’apporter leur pierre à l’édifice du cycle de la biomasse, du carbone et de l’azote. Certaines larves peuvent même aider à filtrer les eaux et éviter une eutrophisation des milieux qui pourrait mener à une prolifération néfaste des végétaux aquatiques.
Un environnement avec ou sans moustiques ?
Notons toutefois que les moustiques ne sont pas les seuls à tenir ces rôles. Les scientifiques estiment ainsi que leur disparition laisserait sans doute la place à d’autres insectes. Et comme aucun prédateur ne dépend exclusivement des moustiques… La prudence reste de rigueur puisqu’il n’existe pour l’heure pas d’étude sérieuse qui se soit penchée sur l’impact réel que pourrait avoir la disparition des moustiques sur un écosystème.
Pour éviter le risque de causer un déséquilibre dont les scientifiques eux-mêmes ignorent encore les potentielles conséquences, sans doute est-il donc préférable de trouver des moyens de nous protéger des moustiques plutôt que de chercher à les éliminer. Pour cela, les recommandations sont simples. Limiter les points d’eau. Car les femelles viennent y pondre. Et rappelons que ce sont les femelles fécondées qui piquent. Autre option : rendre son jardin attractif pour les prédateurs du moustique. En posant, par exemple, des nichoirs à hirondelles ou à chauve-souris.