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« Alors que les rebelles tigreens sont à Bessie, 300 km de la capitale Addis-Abeba, les canaux diplomatiques semblent être au point mort. L’union africaine, malgré l’envoie d’une mission diplomatique a trop tardé à réagir au grand dam de la diplomatie américaine; ce qui pose le problème de l’efficacité de l’institution panafricaine. Aucun pays voisin, à part l’Ouganda, ne s’est porté volontaire à la mise en place d’une feuille de route pour une négociation entre les belligérants.
Par ailleurs, le président Abiy Ahmed, un jeune premier ministre inexpérimenté, fait face à un double dilemme : préserver l’image d’un président pacifique « nobelisé » et donner des gages à la communauté internationale. Ce qui réduit drastiquement sa marge de manœuvre.
Le TPLF est réputé pour être un groupe qui excelle dans l’art de la guerre asymétrique. La prise du pouvoir en 1991 face à une armée puissante et dotée de matériels soviétiques en est une illustration parfaite. Les officiers d’origine tigréens ayant fait défection en 2020 ont joué un rôle important dans l’offensive. L’alliance de 9 groupes rebelles au TPLF risque aussi de fragiliser un peu plus la position du premier ministre.
L’implication américaine doit attirer une attention particulière. Après le retrait de l’Éthiopie de l’AGOA, les multiples pressions diplomatiques de Blinken et les mises en garde, Washington ne cherche t-il pas affaiblir le régime en place ?
Aujourd’hui, la corne de l’Afrique est devenu un enjeu capital dans la géopolitique des grandes puissances.
Les ambitions américaines de torpiller la « Belt initiative » ou les routes ee sont plus un secret de polichinelle ; partout Washington mène une offensive pour coiffer au poto la Chine communiste. L’Éthiopie constitue un point d’appui essentiel de la Chine au corne de l’Afrique surtout sur le plan économique.
Selon France info, depuis 2000, Addis Abeba a emprunté plus de 12 milliards de dollars, faisant de ce pays le deuxième plus gros destinataire de prêts chinois vers l’Afrique. En 2019, l’Éthiopie a accueilli 8 107 travailleurs chinois expatriés, un record. Près de 4 milliards $ ont ainsi permis à l’empire du milieu de relier Djibouti à l’Ethiopie sur près de 756 km de voies ferrées, un projet vital des routes de la soie en Afrique.
Désormais, réduire le conflit au Tigré a une simple opposition ethnique ne suffit pas, les enjeux géopolitiques ne sont pas à exclure »
« . soutient El Ibrahima Faye