Religion: Il n’y a pas de pauvres pendant le carême

Il paraît que Ramadhan absout les différences sociales. Tout le monde vous le dira, «preuves» à l’appui. Dans les certitudes froides et légères qui tiennent lieu d’argumentaire, on y trouvera tout.

Il y a ces histoires usées jusqu’à la corde d’avoir été servies et remises au goût du jour dans d’interminables scénarios. Elles sont surannées, souvent sottes et manquent horriblement de cohérence mais elles trouvent toujours des oreilles attentives, allez savoir pourquoi.

Les histoires peuvent être collectives mais elles sont parfois «individualisées» dans l’espoir d’y mettre un peu de mordant, de fraîcheur et pourquoi pas de… crédibilité.

Il y a celle du voisin qui vend ses meubles pour acheter une nouvelle… vaisselle et mieux s’empiffrer. Personne ne le connaît mais tout le monde vous dira qu’il habite le même palier que lui, allez savoir comment on arrange ça.

Il y a celui dont les enfants crèvent la dalle durant onze mois et s’offre un mouton entier pour la chorba du Ramadhan. Celui-là, il y a toujours un proche aussi malin que généreux qui ment plus qu’il ne respire pour payer les affaires scolaires de ses enfants à chaque rentrée des classes.

Puis il y a les images qu’on n’arrête pas de nous vendre. Une bousculade devant une boucherie ? C’est la preuve que la pauvreté est une vue de l’esprit, n’est-ce pas ?

La «chaîne» pour qalb ellouz, zlabia et ftayer ? Ne dites surtout pas que ces femmes et ces hommes bien ou mal alignés sur la chaussée ne sont pas prospères.

Il n’y a pas à dire, personne ne manque de rien pendant le Ramadhan et c’est la preuve irréfutable que c’est la même chose pendant le reste de l’année.

Il y a même des «bienfaiteurs» connus et reconnus qui auraient découvert, la déception en roue libre, la mort dans l’âme et le désespoir en parade que les miséreux à qui ils destinaient leurs aides étaient en fait beaucoup très riches, parfois plus riches qu’eux-mêmes.

Vous vous rendez compte ? Il n’y a pas à dire, tout le monde n’est pas riche mais personne n’est pauvre pendant ce sacré mois !

La dernière, il paraît qu’il y a des restos du cœur qui vont fermer faute de clients !

Bien sûr, personne ne vous dira lesquels mais tout le monde soutiendra qu’il connaît au moins un.

En plus de la boulimie, maladive et coûteuse, de la spiritualité chimérique et de l’agressivité nationale, le Ramadhan a maintenant une nouvelle fonction : l’absolution des différences sociales pourtant visibles à mille lieues et à l’œil nu.

Le soir d’Algérie

Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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