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Né en 1963 dans l’est de la Sierra Leone, Sam Bockarie, surnommé « Mosquito », incarne l’un des visages les plus redoutés de la guerre civile qui a ravagé son pays. Passé par l’industrie diamantifère, puis danseur à Freetown, il migre vers Monrovia au Liberia avant de rejoindre le Revolutionary United Front (RUF), mouvement rebelle tristement célèbre pour ses exactions.
Doté d’une silhouette frêle mais d’une cruauté implacable, Bockarie devient rapidement le stratège militaire du RUF. Il orchestre des campagnes de terreur, dont la sinistre opération « manches longues ou manches courtes », marquée par des amputations de civils pour les empêcher de voter librement.
En 1997, après l’arrestation du leader Foday Sankoh, Bockarie prend les rênes du mouvement. Fin 1998, il lance une offensive sur Freetown, culminant en janvier 1999 avec l’opération « No Living Thing ». Pendant trois semaines, la capitale est plongée dans le chaos : plus de 6000 morts et des milliers de déplacés.
Malgré les accords de paix de Lomé en 1999, Bockarie refuse de désarmer. Il se réfugie au Liberia, sous la protection du président Charles Taylor, et devient un acteur clé des déstabilisations régionales. Il intervient dans les conflits ivoiriens, éliminant des chefs rebelles comme Félix Doh pour asseoir son influence.
Sa fin survient en mai 2003 lors d’une fusillade avec les forces libériennes. Mais les circonstances de sa mort restent floues : certains soupçonnent Taylor d’avoir voulu l’empêcher de témoigner devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.
Sam Bockarie demeure une figure emblématique de la brutalité des guerres civiles en Afrique de l’Ouest, où diamants, alliances obscures et ambitions personnelles ont laissé des cicatrices profondes. Son parcours rappelle l’urgence d’une paix durable et d’une mémoire collective face aux atrocités du passé.





