« Avant l’âge de 11 ans, c’est-à-dire lorsque l’enfant est à l’école primaire, le téléphone portable n’a aucune utilité », tranche Laurence Roque-Barret, psychologue en Gironde. En revanche, à ses yeux, l’entrée au collège peut changer la donne. Dans certaines situations, « le téléphone portable peut être utile à partir de la sixième », reprend-elle, en référence au fait que « parfois les enfants rentrent seuls après les cours, que ce soit à pieds, à vélo ou en transports en commun. L’appareil peut ainsi permettre de les sécuriser, tout comme les parents, bien sûr ».
La psychologue insiste toutefois sur la nécessité d’un accompagnement parental. « Entre le choix des applications téléchargées et le temps passé sur l’écran, les parents ont la possibilité de gérer de nombreux paramètres de sécurité », poursuit-elle. Maryse Chrétien, présidente de l’Association Générale des Enseignants d’Ecole et classes Maternelles publiques (Ageem) est du même avis: « plutôt que l’âge, l’enjeu majeur réside dans les repères que l’adulte doit fournir à l’enfant ».
Sur ce point, un rapport remis au printemps dernier par une commission d’experts au Président de la République Emmanuel Macron avait pour but d’évaluer l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans. Le texte formule des recommandations précises :
- Concernant l’âge, les experts confirment « qu’il n’est pas opportun que les enfants disposent de téléphone portable avant l’âge de 11 ans, soit l’entrée dans le secondaire» ;
- Pas de connexion internet dans un premier temps. « A partir de 11 ans, s’ils disposent d’un téléphone, il est recommandé que celui-ci ne puisse pas être utilisé pour se connecter à internet». Autrement dit, l’appareil doit être limité aux seules possibilités d’émettre des appels et de rédiger des sms ;
- L’accès à internet est possible à partir de 13 ans mais pas « aux réseaux sociaux ni aux contenus illégaux» ;
- « A compter de 15 ans, âge symbolique de la majorité numérique, l’accès aux réseaux sociaux limité à ceux pourvus d’une conception éthique» est possible (réseaux qui veillent particulièrement à la protection de la vie privée).
Enfin, rappelons que la Commission préconise également « de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans, et de déconseiller leur usage jusqu’à l’âge de 6 ans. Ou, tout au moins, qu’il soit fortement limité, occasionnel, avec des contenus à qualité éducative, et accompagné par un adulte », concluent les auteurs.
