Un manque de sommeil entraîne des troubles de l’humeur, une diminution des capacités physiques et intellectuelles et de multiples problèmes de santé. Mais est-il réellement possible de mourir d’une privation de sommeil et à partir de combien de temps est-ce dangereux ?
Le Britannique Tony Wright détient depuis 2007 le record du monde de privation de sommeil, avec 266 heures d’éveil continu, soit plus de 11 jours sans fermer l’œil. Son record n’a toutefois jamais pu être homologué, le Guinness Book ayant suspendu l’enregistrement de record de privation de sommeil jugé dangereux. Le sommeil est en effet indispensable au fonctionnement de l’organisme.
Une adaptation limitée au manque de sommeil
Lorsque le besoin de dormir est trop pressant, certains neurones se mettent en mode « pause » alors que nous restons en apparence éveillés. Durant le précédent record de l’étudiant Randy Gardner (264 heures sans dormir en 1965), des enregistrements cérébraux ont montré que certaines parties du cerveau effectuaient alternativement des « microsiestes ». Mais ce fonctionnement altère l’activité moteur et entraîne des défaillances de l’attention. Au-delà de 72 heures d’éveil se font sentir de graves troubles cognitifs (hallucinations, problèmes de coordination, difficultés à parler et raisonner, apathie, paranoïa…).
En 1989, une étude menée sur des rats a montré que quand on les empêche de dormir, les rongeurs décèdent après 11 à 32 jours. Chez l’humain, les cas de décès par manque de sommeil sont extrêmement rares. En 2012, un jeune Chinois de 26 ans est mort après 11 nuits consécutives sans dormir afin de regarder tous les matchs de l’Euro, succombant à un mélange d’alcool, de tabac et de fatigue. En 2013, un stagiaire de la banque d’affaires Merrill Lynch a été retrouvé mort après avoir travaillé trois nuits d’affilée, mais les causes exactes de sa mort restent floues, le jeune homme souffrant aussi d’épilepsie. Bref, à moins d’une pathologie associée, la privation de sommeil ne peut pas directement causer la mort d’une personne.
Déficit chronique de sommeil : de nombreux effets délétères sur la santé
À long terme, en revanche, le manque de sommeil est délétère pour l’organisme. Un déficit chronique entraîne une baisse de la vigilance, des troubles de l’humeur et de la mémoire, une fatigue physique et psychique. Il favorise la prise de poids, augmente le risque de dépression, de diabète, de maladies cardiovasculaires ou de cancer. De très nombreuses études ont mis en évidence un risque de décès accru chez les personnes dormant moins de sept heures par nuit. Le mécanisme derrière cette augmentation n’est pas encore très clair : le déficit de sommeil pourrait accroître la production de cytokines inflammatoires et des hormones du stress, diminuer les capacités immunitaires ou provoquer des troubles du métabolisme. Il a même été prouvé qu’une simple nuit passée sans dormir entraîne une destruction de l’ADN. Curieusement, trop dormir semble aussi accroître le risque de décès, mais la cause de cette corrélation n’a pas pu être clairement établie.