Certains d’entre nous sont réveillés au moindre bruit tandis que d’autres ont un sommeil de plomb et n’émergent qu’à la 10e sonnerie du réveil ! D’où viennent ces différences dans la profondeur du sommeil d’une personne à l’autre ? Des neurobiologistes américains ont peut-être trouvé l’explication… dans nos intestins !
Des neurobiologistes américains de la Harvard Medical School ont étudié l’influence des intestins et de l’alimentation sur la profondeur du sommeil sur des mouches et des souris. Les résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue Cell. Et ils sont absolument inattendus !
La qualité de l’alimentation régule la profondeur du sommeil
Les chercheurs ont utilisé des drosophiles (petites mouches). Les gènes régulant le sommeil de ces animaux sont connus et ce sont les mêmes que chez la souris. Différents niveaux de stimuli (bas, moyen, haut) ont été soumis aux mouches lors de leur sommeil. Il s’agissait de vibrations. L’expression des gènes a été mesurée lors des expériences. Il s’avère qu’une protéine nommée CCHa1 semble être responsable de la profondeur du sommeil lors des différents stimuli. En effet, lorsque son expression était bloquée, les drosophiles se réveillaient à la moindre vibration, alors que quand elle s’exprime de manière importante, il faut un fort niveau de vibration pour réveiller les drosophiles. Et de manière très surprenante, il s’avère que cette protéine est produite dans les intestins !
CCHa1 est synthétisée par des cellules intestinales au contact direct avec le bol alimentaire. Les auteurs ont observé qu’un régime riche en protéines favorise la synthèse de CCHa1 et donc la profondeur du sommeil, à la fois chez la mouche et chez la souris. Autrement dit, les animaux qui avaient accès à un régime riche en protéines avaient besoin d’un stimulus plus important pour être réveillés ! CCHa1 a la capacité d’agir sur des neurones spécifiques, les cellules PAM pour Protocerebral Anterior Medial. Les PAM font partie d’une structure cérébrale impliquée dans la régulation de la durée du sommeil. Ils sont producteurs de dopamine. De manière inhabituelle, la dopamine agit ici comme un élément qui approfondit le sommeil et non comme un neuromédiateur associé au plaisir. Les auteurs ont ici démontré un lien direct entre la qualité de l’alimentation et la régulation du sommeil.
Le mécanisme impliqué dépend du type de stimulus
Dans une seconde partie, les auteurs ont réveillé les animaux non pas avec des vibrations mais avec une variation de température. Dans ce cas, CCHa1 n’était pas impliquée. Les prochains travaux de l’équipe porteront donc sur les protéines engagées en fonction des différents modes de réveil des animaux. Les auteurs supputent que toutes les protéines impliquées pourraient être synthétisées dans les intestins. Reste à savoir si ces travaux sont transposables chez l’Homme. Quoi qu’il en soit ces travaux confirment ce que l’on pressent depuis déjà plusieurs années : l’intestin joue un rôle central dans de nombreux mécanismes de notre organisme.
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