Utilisé pour décaféiner le café, dégraisser le métal et nettoyer les vêtements à sec, le trichloréthylène fait l’objet d’une nouvelle étude. Une équipe internationale de chercheurs l’accuse d’être une cause invisible dans la croissance rapide de la maladie de Parkinson.
L’origine de la maladie de Parkinson reste imprécise. Si certains cas peuvent être expliqués par des mutations génétiques ou des traumatismes crâniens, ces facteurs ne suffisent pas à prouver les taux de croissance de la maladie. Des causes plus invisibles doivent y contribuer, comme l’utilisation massive de produits chimiques un peu partout dans le monde. Parmi eux, le trichloréthylène (TCE) est un produit très répandu – depuis environ 100 ans – qui a déjà contaminé d’innombrables sites et présente des risques pour la santé des personnes qui y sont exposées dans le cadre de leur travail ou dans leur environnement.
Un contaminant de l’air et de l’eau
D’après l’EPA, l’agence américaine qui établit les normes environnementales pour les États-Unis, le TCE présente « un risque déraisonnable pour la santé humaine ». Il s’agit d’un solvant simple à six atomes, volatil et qui persiste dans l’environnement. Comme il présente des propriétés uniques, il a eu de nombreuses applications industrielles, commerciales, militaires et médicales : le nettoyage de l’électronique, le dégraissage des pièces de moteur, le nettoyage des vêtements à sec (puis remplacé par le perchloroéthylène), etc. « L’exposition ne se limite pas aux personnes qui travaillent avec le produit chimique, écrivent les auteurs d’une étude parue dans le Journal of Parkinson’s Disease. Le TCE pollue l’air extérieur, souille les eaux souterraines et contamine l’air intérieur. La molécule, comme le radon, s’évapore du sol sous-jacent et des eaux souterraines et pénètre dans les habitations, les lieux de travail ou les écoles, souvent sans être détectée. »
Depuis, le produit chimique a été interdit dans l’Union européenne et dans deux États américains. Il est toutefois toujours autorisé pour le dégraissage à la vapeur et le nettoyage à sec ponctuel aux États-Unis et pour des utilisations industrielles autorisées dans l’Union européenne.
Le lien entre l’exposition au TCE et la maladie de Parkinson est établi depuis une cinquantaine d’années. Des recherches menées sur des animaux ont montré que le produit pénètre facilement dans le cerveau et les tissus corporels et qu’il provoque une perte sélective des cellules nerveuses productrices de dopamine, une caractéristique de la maladie de Parkinson chez l’humain.
Un facteur de risque invisible et évitable
Les chercheurs internationaux de la nouvelle étude partent de l’hypothèse que le TCE contribue à l’augmentation mondiale de Parkinson et qu’il en serait une cause à la fois invisible et évitable. Ils dressent le profil de sept personnes (dont un ancien joueur de basket-ball de la NBA, un capitaine de la marine et un ancien sénateur américain) qui ont développé la maladie de Parkinson après y avoir été probablement exposées dans le cadre du travail ou dans l’environnement. Des décennies se sont écoulées entre cette exposition et l’apparition des symptômes de la maladie, rendant difficile l’établissement de preuves.
Les auteurs proposent une série d’actions pour contrer les méfaits du TCE en santé publique. Ils notent que les sites contaminés (des milliers aux États-Unis) peuvent être rendus plus sains et que l’exposition de l’air intérieur peut être atténuée par des systèmes d’assainissement des vapeurs. D’autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre comment ce produit chimique contribue à la maladie de Parkinson et à d’autres maladies.
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