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La révélation a fait l’effet d’un électrochoc à Dakar comme à Washington. Selon les dernières évaluations du FMI, la dette publique réelle du Sénégal pourrait atteindre 132 % du PIB, un niveau largement supérieur aux chiffres officiels. Cette explosion est en partie due à une dette cachée estimée à 16 % du PIB, un volume que le chef de mission du Fonds dit n’avoir « jamais vu en Afrique ».
De quoi alimenter les inquiétudes sur la stabilité financière du pays. Pourtant, une analyse plus fine invite à relativiser la gravité immédiate de la situation.
Une dette colossale, mais pas synonyme de faillite
Si les chiffres impressionnent, ils ne traduisent pas une fuite massive de capitaux ni un effondrement économique imminent. La composition de cette dette montre qu’elle provient essentiellement de projets d’investissement publics, souvent financés par des créanciers institutionnels ou bilatéraux. Autrement dit, le Sénégal a emprunté pour construire, moderniser et accélérer son développement.
Le vrai problème : l’opacité et la gouvernance
Ce qui inquiète davantage les experts, c’est la manière dont ces engagements financiers ont été dissimulés. La dette cachée révèle une crise de transparence, un manque de contrôle interne et une gestion budgétaire qui a privilégié la vitesse d’exécution au détriment de la rigueur.
Cette opacité fragilise la crédibilité du pays auprès de ses partenaires et complique la planification économique. Mais elle ne signifie pas que le Sénégal se trouve au bord d’un défaut de paiement.
Un pays sous pression, mais encore solide
En réalité, le Sénégal fait face à une crise de gouvernance plus qu’à une crise financière. Les fondamentaux économiques restent relativement stables, et les créanciers du pays ne sont pas des acteurs spéculatifs susceptibles de provoquer une panique.
La priorité, désormais, est de restaurer la transparence, de clarifier les engagements réels de l’État et de rétablir la confiance dans la gestion publique.





