La vidéo filmée par un habitant de Jénine contredit le récit initial des Israéliens selon lequel il y avait des affrontements dans la zone.
De nouvelles images révèlent l’absence de signe d’affrontements avant que Shireen Abu Akleh, journaliste palestinienne chevronnée travaillant pour Al Jazeera Arabic, ne soit tuée par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée la semaine dernière.
Ces images, qui contredisent la première version israélienne des événements, ont été filmées par un habitant de Jénine et montrent que le calme régnait et qu’il n’y avait aucun bruit d’affrontements entre les forces israéliennes et les combattants palestiniens.
Dans cette nouvelle vidéo qu’a pu se procurer Middle East Eye, on voit des gens rire et discuter, tandis qu’en arrière-plan, on aperçoit d’autres personnes, dont Abu Akleh et certains de ses collègues, qui portent visiblement des gilets bleus floqués de l’inscription « PRESS ».
Avant les coups de feu (minute 7:05), on voit les journalistes s’avancer vers les forces israéliennes. Quand les tirs commencent, on voit des gens fuir dans la direction opposée de là où sont positionnées les troupes israéliennes et Shireen Abu Akleh allongée dans la rue après avoir été touchée.
Après son décès, les autorités israéliennes ont d’abord affirmé que des combattants palestiniens pourraient être responsables de sa mort et ont diffusé une vidéo de Palestiniens tirant dans une allée étroite. Elles ont plus tard fait marche arrière et indiqué qu’un soldat israélien pourrait l’avoir tuée.
Une enquête visuelle de MEE a établi l’emplacement de plusieurs événements clés de ce 11 mai et rassemblé les récits de témoins qui mettent en doute la version initiale des Israéliens.
Les témoins oculaires, dont la correspondante de MEE Shatha Hanaysha, assurent qu’Abu Akleh a été la cible d’un sniper israélien, qu’il n’y avait aucun échange de tirs à ce moment-là et que les tireurs palestiniens étaient éloignés de l’équipe de six journalistes.
Jeudi, l’armée israélienne a annoncé avoir potentiellement identifié le fusil utilisé pour tuer la journaliste mais affirme ne pas pouvoir s’en assurer à moins que les autorités palestiniennes ne leur remettent la balle. L’armée a ajouté qu’elle ne prévoyait pas d’enquêter sur ce meurtre.
L’ONG israélienne Yesh Din estime que ne pas enquêter sur cette affaire montre que « les mécanismes de contrôle du respect des règles au sein de l’armée ne se soucient même plus de donner l’apparence d’une enquête. 80 % des plaintes déposées sont classées sans enquête pénale. Il apparaît que la politique et l’image comptent davantage que la vérité et la justice. Une armée qui enquête elle-même sur une affaire aussi grave démontre une fois de plus qu’elle ne peut ou ne veut pas entreprendre une enquête efficace et juste. »
Sources: Algérie Black Liste et MIDDLE EAST EYE