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Le 1er septembre, jour de la rentrée scolaire, Caroline Grandjean, directrice d’une école primaire dans le Cantal, s’est donné la mort. Elle avait 42 ans. Depuis près de deux ans, elle dénonçait un harcèlement lesbophobe persistant : insultes, graffitis, lettres anonymes et menaces. Ses appels à l’aide n’ont pas suffi à enrayer le cycle de violences qu’elle subissait.
Ses proches racontent une femme investie dans son métier, mais de plus en plus isolée. Elle avait alerté sa hiérarchie à plusieurs reprises, déposé plainte, et sollicité du soutien. Les réponses institutionnelles, jugées insuffisantes, l’ont laissée dans un profond sentiment d’abandon. « Le pire, c’est quand ça vient des collègues », confie aujourd’hui un enseignant LGBT+, évoquant un climat où la défiance et le mépris peuvent s’installer jusque dans l’équipe éducative.
Le drame a provoqué une onde de choc dans la profession. Beaucoup de personnels LGBT+ témoignent d’un malaise durable, nourri par la peur d’être stigmatisés et par l’impression que leur hiérarchie ne prend pas toujours la mesure de la violence subie. Les associations de lutte contre les discriminations pointent un manque criant de dispositifs de prévention, d’accompagnement et de sanctions.
L’épouse de Caroline a annoncé son intention de déposer plainte contre l’Éducation nationale pour manquements. Une enquête judiciaire est en cours pour déterminer les circonstances précises, tandis qu’une enquête administrative pourrait être ouverte pour évaluer la responsabilité de l’institution.
Au-delà du drame personnel, cette tragédie met en lumière une question plus large : comment garantir aux personnels de l’Éducation nationale un environnement de travail respectueux et sûr, quelles que soient leur orientation sexuelle ou leur identité ? Pour beaucoup, la réponse ne peut plus attendre.
Daniel GABA DOVI