Tchad : 25 ans de prison requis contre Succès Masra, un procès au parfum politique

(N’Djamena) Le parquet général du Tchad a requis jeudi 25 ans de prison ferme contre l’ancien Premier ministre de transition, Succès Masra, et 58 de ses co-accusés. Ils sont jugés pour rébellion, trouble à l’ordre public et plusieurs crimes graves, dans une affaire qui secoue la vie politique tchadienne.

Le dossier remonte au 14 mai dernier, lorsque des violences meurtrières ont éclaté dans la ville de Mandakao, dans le sud du pays. Les autorités affirment qu’au moins 76 personnes ont été tuées lors d’affrontements intercommunautaires. Le ministère public accuse l’opposant d’avoir attisé la haine et encouragé la révolte par ses discours et ses publications sur les réseaux sociaux.

En plus de la peine de prison, le parquet réclame une amende record de 5 milliards de francs CFA ainsi que la saisie de tous les biens de l’accusé.

Masra dénonce un procès politique

Face aux juges, Succès Masra rejette fermement les accusations. « C’est une machination politique pour me réduire au silence », a-t-il déclaré. Ses avocats dénoncent un procès expéditif, mené selon eux dans un climat hostile à l’opposition.

Le procès, ouvert le 7 août à N’Djamena, a rapidement pris une tournure politique. Figure de l’opposition et ancien allié du président Mahamat Idriss Déby Itno, Masra était revenu au pays fin 2023 après un accord de réconciliation. Moins de deux ans plus tard, il se retrouve dans le box des accusés, risquant de passer une grande partie de sa vie derrière les barreaux.

Un verdict lourd d’enjeux

Au-delà des charges judiciaires, cette affaire cristallise les tensions entre pouvoir et opposition dans un Tchad en pleine transition politique. Pour les partisans de Masra, ce procès vise à écarter une voix influente à l’approche de futures échéances électorales. Pour ses détracteurs, il s’agit d’appliquer la loi face à des actes jugés dangereux pour l’unité nationale.

Le verdict attendu dans les prochains jours pourrait marquer un tournant. Soit il confirmera la ligne dure adoptée par les autorités contre leurs opposants, soit il offrira à Masra l’occasion de rebondir politiquement.

Daniel GABA DOVI (stagiaire)

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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