Togo : Marguerite Gnakadè incarcérée après son inculpation

La justice togolaise a apporté ce samedi un éclairage décisif dans l’affaire qui secoue depuis plusieurs jours la scène politique nationale. Le procureur de la République, Mawama Talaka, a annoncé que l’ancienne ministre des Armées, Marguerite Gnakadè, a été officiellement inculpée et placée sous mandat de dépôt. Son arrestation musclée, survenue trois jours plus tôt à son domicile de Tokoin-Solidarité, avait déjà provoqué une vive émotion à Lomé et nourri de nombreuses spéculations.

Mais l’ex-ministre n’est pas la seule visée par ce dossier sensible. Le rappeur Tchala Essowè, plus connu sous le nom d’Aamron, a également été inculpé et placé sous contrôle judiciaire, a confirmé le procureur.

Selon le parquet, l’enquête de la police judiciaire a mis en évidence des « indices graves et concordants » justifiant des poursuites. Marguerite Gnakadè est accusée d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État. Les charges retenues sont lourdes : incitation à la révolte contre l’autorité publique, diffusion de fausses informations susceptibles de fragiliser la discipline militaire, trouble aggravé à l’ordre public et destruction d’un élément de preuve durant sa garde à vue. L’affaire sera désormais instruite par un juge d’instruction, conformément au Code de procédure pénale.

Dans les rangs de l’opposition et de la société civile, l’annonce a provoqué une pluie de réactions. Plusieurs partis et organisations dénoncent ce qu’ils qualifient de « procès politique » et exigent la libération immédiate de l’ex-ministre. Ses partisans estiment qu’elle paie le prix de son courage politique, tandis que ses détracteurs lui reprochent d’avoir franchi une ligne rouge en sapant la discipline au sein des forces armées.

Au sein des cercles diplomatiques, cette arrestation est interprétée comme un signal fort envoyé par le pouvoir contre toute voix dissidente. Le procès à venir s’annonce déjà comme l’un des plus suivis de la décennie au Togo.

Daniel GABA DOVI