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Du discours de résistance à la défense du régime, le revirement de Monsieur Gil Benoit Afangbedji étonne les togolais vivants au Togo et ceux de la diaspora. Hier opposant farouche, aujourd’hui proche du pouvoir. L’avocat Benoît, autrefois critique virulent du régime togolais, défend désormais celui qu’il accusait de tyrannie et de corruption. Une volte-face qui interroge.
Mr Benoît se présentait comme un défenseur acharné du peuple togolais. Il dénonçait sans détour la tyrannie, l’absence de démocratie, la torture et les élections truquées. Pour lui, les urnes ne suffisaient pas à libérer le Togo : seule la mobilisation de la jeunesse pouvait arracher la liberté.
Il décrivait un pays plongé dans la misère, où les populations peinaient à se nourrir. Dans sa propre préfecture de Vo, déclarée “zone sinistrée” depuis la Conférence nationale, il affirmait que les habitants ne mangeaient pas trois fois par jour, parfois même pas une seule fois. À Lomé, il pointait l’état déplorable des routes, sources d’accidents quotidiens, et promettait de lutter jusqu’à ce qu’un véritable changement arrive.
L’avocat rappelait aussi que Vogan, ville riche en phosphate, aurait dû connaître le développement. Au contraire, disait-il, les habitants vivaient dans le dénuement. Il appelait à dire non à la gabegie, à la corruption, au népotisme et aux violations des droits humains. “Là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont bafoués. S’unir pour les défendre est un devoir sacré”, lançait-il.
À l’époque, Gil Benoît Afangbedji affirmait être prêt à risquer sa vie ou à aller en prison pour cette cause. Pour lui, affamer le peuple était une violation flagrante des droits humains. Il dénonçait avec force le maintien de la famille Gnassingbé au pouvoir depuis plus de 48 ans et appelait au respect de la limitation des mandats présidentiels.
Mais en 2025, le même homme apparaît aux côtés du régime qu’il critiquait hier. Sur les médias internationaux, il défend désormais le pouvoir et reste silencieux face aux déclarations mensongères de ses alliés, notamment Pakomé Adjvi, actuel ministre des droits de l’homme. Ses propres paroles passées condamnent pourtant le régime qu’il soutient aujourd’hui.
À Vogan, la situation reste inchangée : pas d’hôpital digne, des écoles délabrées, et des conditions de vie jugées indignes après plus d’un demi-siècle de règne.
Pour de nombreux observateurs, ce revirement illustre une réalité : l’espoir du peuple ne doit pas reposer sur un individu. “Nous sommes un peuple souverain, et c’est par nous-mêmes que nous arracherons notre victoire”, concluent ceux qui refusent de se laisser décourager par les retournements de veste.
Daniel GABA DOVI (stagiaire)