0076/HAAC/01-2023/pl/P
Addis-Abeba, Éthiopie, 4 août 2025
Un dernier naufrage fait des dizaines de morts. Un bateau transportant 154 migrants éthiopiens a chaviré tôt dimanche au large de la province d’Abyan, au sud du Yémen, tuant au moins 68 personnes et laissant 74 disparus, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations Unies. Seuls 12 survivants ont été secourus à ce jour, tandis que les recherches se poursuivent pour retrouver les disparus, dont on craint qu’ils ne soient morts.
Le navire a coulé dans le golfe d’Aden par mauvais temps, marquant un nouvel incident meurtrier sur l’une des routes migratoires les plus dangereuses au monde. Les corps de 54 victimes ont été retrouvés sur les côtes du district de Khanfar, tandis que 14 autres ont été repêchés et transportés à la morgue de Zinjibar, capitale de la province d’Abyan.
Un périple périlleux pour les migrants africains
Le Yémen demeure un point de transit crucial pour les migrants originaires de la Corne de l’Afrique, principalement d’Éthiopie, de Somalie, de Djibouti et d’Érythrée, qui risquent leur vie pour chercher un emploi dans des pays du Golfe plus riches comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Malgré une décennie de guerre civile au Yémen, plus de 60 000 migrants sont arrivés dans le pays en 2024, un chiffre en baisse par rapport aux 97 200 de 2023, probablement en raison du renforcement des patrouilles maritimes.
L’OIM a mis en garde à plusieurs reprises contre l’imprudence croissante des passeurs, qui forcent souvent les migrants à embarquer sur des embarcations surpeuplées et inutilisables, et ignorent les alertes météorologiques pour échapper aux autorités. En mars 2025, quatre bateaux ont chaviré près du Yémen et de Djibouti, faisant 186 disparus et seulement deux survivants.
Une route migratoire meurtrière
La route de l’Est, qui traverse la mer Rouge et le golfe d’Aden, a fait des milliers de morts au cours de la dernière décennie. Le Projet Migrants Disparus de l’OIM a recensé plus de 3 400 décès et disparitions depuis 2014, dont au moins 1 400 par noyade. Rien que l’année dernière, 558 migrants ont péri sur cette route, la plupart dans des naufrages.
Les migrants qui survivent à la traversée sont souvent confrontés à des dangers supplémentaires au Yémen, notamment l’exploitation, le travail forcé, la détention et les exactions commises par des groupes armés. Nombre d’entre eux se retrouvent bloqués, sans aucun moyen de poursuivre leur voyage ou de rentrer chez eux, ce qui aggrave une crise humanitaire déjà grave.
Action internationale
Abdusattor Esoev, chef de mission de l’OIM au Yémen, a souligné l’urgence de mettre en place des voies de migration plus sûres afin d’éviter de nouvelles pertes humaines. « Nous plaidons pour que les États membres renforcent les voies de migration régulières afin d’éviter que des personnes ne tombent dans le piège des passeurs et n’entreprennent ces voyages meurtriers », a-t-il déclaré à la BBC.
Le plan de réponse à la crise yéménite 2025 de l’OIM prévoit 164 millions de dollars pour fournir une aide d’urgence, une protection et une assistance au retour volontaire aux migrants bloqués, mais le manque de financement continue d’entraver les efforts de secours. Parallèlement, le changement climatique et la dégradation de l’environnement dans la Corne de l’Afrique aggravent les déplacements, poussant davantage de personnes vers des routes migratoires dangereuses. Emebet Asefa, correspondante, Addis-Abeba, Éthiopie