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La Russie, qui a massé des milliers de soldats à la frontière ukrainienne, prend le risque de raviver le spectre de la Guerre froide, ont prévenu jeudi les Etats-Unis. Au lendemain de propos controversés de Joe Biden, Washington menacé Moscou de représailles en cas d’incursion, alors que le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken doit rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov à Genève vendredi pour tenter de trouver une porte de sortie diplomatique à la crise.
Toute violation par la Russie de la souveraineté territoriale de l’Ukraine « nous ramènerait à une époque bien plus dangereuse et instable, lorsque ce continent était divisé en deux, (…) avec la menace d’une guerre totale planant au-dessus de la tête de chacun », a lancé le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
Le diplomate a fait ce parallèle depuis Berlin, ville coupée en deux par un mur pendant près de 30 ans, où il a mené jeudi des pourparlers avec ses alliés européens à la veille d’une rencontre cruciale à Genève avec les Russes. La Russie a déployé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne, laissant craindre une invasion.
Jouant la fermeté, Antony Blinken a jugé que l’entrée éventuelle de soldats russes constituerait « une agression très claire de l’Ukraine » et ce « peu importe qu’il s’agisse d’un seul ou d’un millier de soldats », dans un entretien à la chaîne de télévision ZDF, selon la traduction de ses propos en allemand. Tout en niant un quelconque projet d’attaque, le Kremlin martèle qu’une désescalade passe par des garanties écrites pour sa sécurité.
Pas de « Yalta 2 »
Blinken et les alliés occidentaux des Etats-Unis ont affiché en retour leur fermeté. « Tout » franchissement de la frontière ukrainienne par la Russie entraînerait une réaction « rapide et sévère » des Etats-Unis, a prévenu Antony Blinken.
Pour montrer l’unité des Occidentaux, la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, a, elle, assuré que les Etats-Unis et leurs alliés n’hésiteraient pas à agir même si des représailles devaient avoir des « conséquences économiques » pour l’Europe. Son homologue français, Jean-Yves Le Drian, présent lui aussi à Berlin, a mis en garde les Russes contre toute volonté de forger un « Yalta 2 », un nouveau partage des sphères d’influence entre Est et Ouest, près de 77 ans après la conférence qui avait dessiné l’Europe de l’après Seconde Guerre mondiale.
Même tonalité à Londres, où le Premier ministre Boris Johnson a prévenu qu’une incursion russe en Ukraine, quelle que soit son ampleur, serait « un désastre pour le monde ».
Biden corrige le tir
Les « incursions mineures » n’existent pas, a renchéri le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en réponse à un propos controversé tenu par son homologue américain Joe Biden avant que ce dernier ne clarifie ses déclarations jeudi. Le dirigeant américain a assuré que toute entrée des troupes russes en Ukraine serait considérée comme une « invasion » qui « entraînera une réponse économique sévère et coordonnée », disant avoir été « absolument clair » avec Vladimir Poutine.
Antony Blinken espère encore trouver une porte de sortie diplomatique aux tensions. Un précédent cycle de pourparlers la semaine dernière en Europe n’avait permis que de constater le fossé séparant Moscou et les Occidentaux. Le diplomate ne présentera « pas de document » lors de sa rencontre vendredi à Genève avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
« Nous devons voir où nous nous situons et s’il reste des opportunités de poursuivre la diplomatie », a-t-il dit, précisant que certaines exigences russes étaient « clairement, absolument, vouées à l’échec », comme l’engagement à ne jamais élargir l’Otan à l’Ukraine.
En plus d’un traité bannissant tout élargissement de l’Alliance atlantique à l’Ukraine mais aussi à la Géorgie, une autre ex-république soviétique, la Russie réclame que les Américains et leurs alliés renoncent à organiser des manoeuvres et des déploiements militaires en Europe de l’Est. Moscou a signifié que ses demandes étaient non négociables, et les Etats-Unis les ont jugées pour l’essentiel inacceptables.
Source : 20 Minutes avec AFP