Daniel avait 35 ans lorsqu’il a décidé d’investir toutes ses économies dans une ferme. Il venait d’hériter d’un petit terrain, situé en périphérie de la ville où il vivait avec sa famille. Ayant toujours rêvé de se lancer dans l’agriculture, il a vu cette opportunité comme une chance de changer de vie. Avec 4 millions de francs CFA économisés pendant des années, il s’est lancé dans l’élevage de poulets et la culture de maïs. Il était plein d’espoir.
Il a commencé par acheter les équipements de base : des clôtures, un système d’irrigation, des graines, ainsi que des centaines de poussins. Son objectif était de diversifier ses revenus entre la vente d’œufs et de maïs sur le marché local. Chaque matin, Daniel se levait tôt, travaillant d’arrache-pied pour construire la ferme de ses rêves. Il croyait fermement en son projet, inspiré par le succès d’autres fermiers qu’il avait vus prospérer.
Cependant, à peine quelques mois après le lancement de la ferme, les difficultés ont commencé à apparaître. D’abord, la pluie, qui normalement aurait dû être bénéfique pour ses cultures, s’est faite rare. La sécheresse a frappé durement la région cette année-là. Le manque d’eau a rapidement affecté ses plantations de maïs, qui ont commencé à se dessécher sous le soleil brûlant. Malgré ses tentatives d’irrigation, les réserves d’eau se sont vite épuisées, et il n’a pas pu sauver la récolte. Ses espoirs de vendre son maïs pour faire un profit se sont envolés.
Parallèlement, une épidémie a frappé son élevage de poulets. La maladie s’est répandue rapidement, décimant la majorité de ses poussins en l’espace de quelques jours. Daniel avait ignoré certains signaux d’alerte à temps, pensant qu’il s’agissait d’un problème mineur, et l’absence de vétérinaire dans la région a compliqué la situation. En un mois, il avait perdu plus de la moitié de son cheptel. Ce qui aurait dû être une source stable de revenus s’est transformé en cauchemar financier.
Les dettes ont commencé à s’accumuler. Il avait emprunté pour installer des infrastructures sur la ferme et pour acheter des semences et du matériel. Avec ses pertes, il n’a plus pu rembourser les prêts. L’épuisement physique et émotionnel a commencé à peser sur lui et sur sa famille. Chaque soir, Daniel rentrait chez lui dévasté, incapable de regarder sa femme et ses enfants dans les yeux, se sentant responsable de l’échec.
Malgré quelques tentatives de redressement, comme la vente de quelques terres pour obtenir des liquidités, il était déjà trop tard. La faillite a suivi quelques mois plus tard, forçant Daniel à vendre tout ce qui restait de la ferme pour rembourser une partie de ses dettes. Ce rêve qui avait commencé avec tant d’espoir s’était écroulé sous ses yeux.
La perte financière a laissé Daniel sans rien, mais le pire pour lui était la perte de dignité et le sentiment d’avoir échoué devant sa famille. Le poids de cet échec l’a profondément marqué, et même s’il a essayé de se relever en cherchant du travail ailleurs, son amour pour l’agriculture et son rêve de succès en milieu rural étaient irrémédiablement brisés.
L’histoire de Daniel est celle de beaucoup de petits entrepreneurs agricoles qui, sans soutien adéquat, peuvent perdre tout ce qu’ils ont mis tant de temps à construire…