0076/HAAC/01-2023/pl/P
Né le 28 janvier 1948 à Arthington au Liberia, Charles Taylor est un homme d’État libérien, président de la République du 2 août 1997 au 11 août 2003.
Durant ses études à l’université de bentley aux États-Unis en 1977, Taylor développe un intérêt pour la politique et décide de joindre l’Union of Liberian Associations (ULA) dont il devient président national. Ce groupe dénonce le régime du président libérien de l’époque, William Tolbert. Peu de temps après, ce dernier est ass.assiné, victime d’un coup d’État de Samuel Doe. Doe devient président, nomme Taylor conseiller et lui confie les services généraux du gouvernement. Après avoir détourné 900 000 $ en trois ans, Taylor renvoyé du gouvernement en 1983. Arrêté puis emprisonné, il réussit à s’enfuir et se réfugie aux États-Unis, puis en Libye en 1985 où il se forme aux techniques de guérilla, avant de rejoindre la Côte-d’Ivoire afin de préparer, avec l’aide du président Houphouët-Boigny, une rébellion contre Samuel Doe. Il crée le Front patriotique national du Libéria (National Patriotic Front of Liberia – NPFL).
En décembre 1989, il lance l’insurrection contre le régime de Doe. Les rebelles sont d’abord considérés comme des libérateurs par la population, le régime de Doe étant particulièrement impopulaire[1]. Rapidement, Taylor contrôle une grande partie du pays, mais un éclatement au sein du NPLF ralentit sa conquête. De fait, un de ses principaux lieutenants, Prince Johnson, se dissocie de son leader et fonde avec près de 1 000 hommes l’INPLF (Independent National Patriotic Front of Liberia). En septembre 1990, Prince Johnson et ses troupes prennent le contrôle de la capitale Monrovia et assassinent Samuel Doe. Les troupes de Taylor et Johnson s’affrontent et la guerre civile prend toute son ampleur pendant les sept années qui suivent. Pendant cette période, un régime de transition est mis en place, présidé d’abord par Amos Sawyer puis par un Conseil d’État.
Le 19 juillet 1997, des élections législatives et présidentielle sont organisées et Taylor est élu avec 75 % des voix face à Ellen Johnson-Sirleaf. Le scrutin est jugé juste par les observateurs internationaux, mais des doutes persistent quant à sa validité.
Pendant son règne à la tête de l’État, Taylor continue de combattre tous ceux qui s’opposent à son pouvoir. La rép.ression contre l’opposition fait 150 000 morts jusqu’en 1995. Par ailleurs, il suspend les libertés individuelles dans son pays et centralise le pouvoir entre ses mains en instaurant un véritable régime aut.oritaire. Petit à petit, la résistance au règne de Taylor prend forme. Les troupes de Taylor subissent dans un premier temps les offensives du groupe des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD), mouvement soutenu par les États-Unis et par le régime guinéen frontalier, puis par la suite, les offensives du Mouvement pour la démocratie au Liberia (MODEL), groupe constitué principalement de membres de l’ethnie de Samuel Doe, le prédécesseur de Taylor.
Parallèlement, sur le plan international, Taylor est de plus en plus isolé, malgré la dépense d’au moins 2,6 millions de dollars afin de redorer son image aux États-Unis, via des lobbyistes tels Lester Hyman (en), qui a arrangé un rendez-vous entre sa femme et Hillary Clinton, ou le télévangéliste Pat Robertson, qui obtint en échange une concession sur une mine d’or, ou encore le général Robert Yerks.
Il s’est vu imposer des sanctions par le Conseil de sécurité des Nations unies tel un embargo sur les exportations de diamants de la guerre et de bois et l’interdiction de voyager pour lui et son équipe présidentielle. Taylor fait face à d’énormes pressions de toutes parts pour quitter le pays. Des responsables de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont même rendus au Liberia pour demander à Taylor de quitter le pouvoir afin de mettre fin au conflit.
Poussé dans ses retranchements, Charles Taylor quitte le pouvoir en août 2003 pour un exil au Nigéria.
29 mars 2006 : Charles Taylor est arrêté au Nigeria et extradé vers la Sierra Leone pour y subir son procès par la Cour spéciale pour la Sierra Leone (CSSL). Pour des raisons de sécurité, la CSSL a demandé, le 31 mars 2006, le dépaysement du procès à La Haye, capitale de la justice internationale. L’arrestation de Charles Taylor a été rendue possible grâce à l’élection d’Ellen Johnson Sirleaf à Monrovia et à l’espoir de stabilisation du pays. Les puissances occidentales et les dirigeants d’Afrique de l’Ouest ont finalement lâché celui qu’ils avaient exilé au Nigeria après lui avoir promis l’impunité en échange de son départ de la présidence et de sa non-intervention dans les affaires libériennes.
7 avril 2006 : Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies se sont mis d’accord sur un transfert à La Haye, Pays-Bas, du procès de Charles Taylor qui comparaît devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.
Le 26 avril 2012, le Tribunal spécial pour la Sierra Leone le reconnaît coupable de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.
Cette condamnation est confirmée en appel le 26 septembre 2013, faisant de Charles Taylor le premier ex-chef d’État à être définitivement condamné par un tribunal international depuis la Seconde Guerre mondiale. Comme prévu dans un accord confidentiel conclu en 2007, il purge sa peine dans une prison britannique.
D’après certains témoignages, dont celui de Prince Johnson, des hommes de Charles Taylor auraient été impliqués en 1987 dans l’assassinat du président burkinabé Thomas Sankara à la demande de Blaise Compaoré, qui une fois au pouvoir a soutenu la rébellion libérienne. L’enquête menée à partir de 2015 afin d’éclaircir les circonstances de cet assassinat semble toutefois écarter cette hypothèse, bien que des doutes perdurent.