La bataille de Baugé oppose une armée franco-écossaise commandée par Motier de La Fayette aux soldats anglais du duc de Clarence.
Depuis 1295, Ecossais et Français sont engagés dans la « Auld Alliance », qualifiée de « plus vieille alliance du monde » par Charles de Gaulle en 1942.
À l’origine, cet accord est un traité de coopération militaire entre la France et l’Ecosse en cas d’acte de guerre émanant de l’Angleterre.
Cette alliance est régulièrement mise en jeu pendant la guerre de Cent Ans, sur les champs de bataille de France mais également des îles britanniques.
Plus qu’une guerre entre royaumes ou entre peuples, la guerre de Cent Ans est avant tout une guerre fratricide entre deux dynasties originaires de France : les Capétiens et les Plantagenêt.
Depuis 1066 et la conquête de l’Angleterre par Guillaume, les seigneurs originaires de France se succèdent sur le trône de l’île britannique.
La maison de Normandie règne pendant près d’un siècle. En 1154, une nouvelle dynastie originaire du Maine Anjou s’installe sur le trône d’Angleterre.
Fondée par Henri II, la maison des Plantagenêt débute un règne de trois cents ans sur l’île britannique.
Si les Capétiens (à l’exception de Louis VIII lorsqu’il était héritier du trône) n’ont pas de velléités de conquête territoriale en Angleterre, les Plantagenêt considèrent la France comme un territoire à prendre.
Disposant d’une réserve inépuisable en soldats anglais les rois français d’Angleterre s’anglicisent peu à peu.
D’occupants en Angleterre, les Français passent progressivement au statut d’occupés en France.
C’est dans ce contexte qu’éclate la guerre de Cent Ans en 1337 et que les Écossais sont présents aux côtés des Français.
Quatre-vingts ans après le début de la guerre, tout semble perdu pour la France.
Le traité de Troyes du 30 mai 1420 retire en effet au dauphin Charles (futur Charles VII) ses prétentions sur le trône de France, lequel doit être cédé au roi d’Angleterre au décès de Charles VI.
Alors qu’elle est en guerre contre l’Angleterre depuis 1337, c’est l’existence même du pays en tant que royaume indépendant qui semble remis en cause.
Le 1er décembre 1420, le roi d’Angleterre Henri V fait une entrée triomphale dans Paris, en compagnie du roi de France Charles VI.
Les deux hommes réunissent les Etats Généraux le 6 décembre 1420, qui approuvent les dispositions du traité de Troyes.
Par arrêt du Parlement de Paris du 3 janvier 1421, le fils de Charles VI (le futur Charles VII) est banni du pays.
Plus rien ne s’oppose à la fusion des deux royaumes dirigés par un seul roi : le roi d’Angleterre.
Henri V rentre en Angleterre et laisse à son frère cadet, le duc de Clarence, le soin d’administrer une armée d’occupation et de conquête des dernières poches de résistances restées fidèles au Dauphin.
C’est alors que le fils de Charles VI réactive la Auld Alliance.
En ce début d’année 1421, une armée de cinq mille Écossais débarque à La Rochelle pour soutenir le Dauphin.
Le 22 mars 1421, veille de Pâques, l’armée du Duc de Clarence fait relâche à Baugé, près d’Angers.
Elle ambitionne alors de se rendre à Tours via l’antique voie gauloise pour conquérir la ville.
Dans la journée, un soldat écossais est capturé et amené au duc de Clarence.
Ce dernier apprend à cette occasion la présence, à proximité, d’une armée franco-écossaise d’environ cinq mille hommes.
Sans attendre, une heure avant le coucher du soleil, le duc de Clarence se lance à l’assaut des Franco-Ecossais avec sa seule cavalerie composée d’environ mille cinq cents hommes.
Désorganisée, et sans appui de ses archers, la cavalerie anglaise est anéantie par les Franco-Ecossais, au propre comme au figuré.
Mille Anglais sont tués, cinq cents survivants sont fait prisonniers.
Dans la nuit, le comte de Salisbury engage la retraite vers la Normandie avec le reste de l’armée qui n’a pas pris part au combat.
La victoire de Baugé a un retentissement considérable dans tout le royaume. La position du Dauphin est renforcée, ce qui conduit le duc de Bretagne Jean V à se rapprocher de lui.
Cette bataille constitue par ailleurs la première défaite en bataille rangée de l’armée anglaise depuis 1415.
Le processus de reconquête du pays est engagé, mais il sera long.
En 1453, les Anglais sont sévèrement battus lors de la bataille de Castillon, près de Bordeaux.
Cet épisode ouvre une période de détente entre les deux royaumes, occupés à régler des tensions intérieures.
La paix sera définitivement formalisée le 29 août 1475 à Picquigny, près d’Amiens.
Édouard IV d’Angleterre accepte de reconnaître Louis XI comme seul roi de France légitime contre paiement d’une forte somme d’argent.
Les Anglais sont définitivement boutés hors de France, à l’exception de Calais qui restera occupée jusqu’en 1558.
Dix ans après la signature de la Paix de Picquigny, Richard III, le dernier des Plantagenêt est déposé par Henri VII lors de la bataille de Bosworth le 22 août 1485.
Henri VII fonde la dynastie des Tudor la même année en mettant en avant ses racines galloises.
Plus de quatre cents ans après la conquête de l’Angleterre, c’en est fini de la main mise des seigneurs originaires de France sur l’île britannique.
Dans sept ans, Christophe Colomb découvrira l’Amérique. La rivalité franco-anglaise renaîtra de ses cendres dans le Nouveau Monde dès la fin du XVIe siècle.