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6 avril 1994 : Les Présidents rwandais, Juvénal Habyarimana et burundais, Cyprien Ntaryamira, meurent lorsque leur avion, qui s’apprêtait à atterrir à Kigali, est abattu par un missile. Kigali venait de signer le 4 avril 1994, l’Accord de paix d’Arusha avec le Front Patriotique Rwandais de Paul Kagamé. Qui a abattu l’avion ? Difficile de répondre. Suite aux morts, le pays bascule dans la terreur : les fanatiques hutus (majorité) entreprennent aussitôt le massacre de la minorité tutsie (10% de la population) et des hutus modérés.
En cent jours, plus de 800.000 innocents sont massacrés à coups de machette. C’est l’un des génocides du XXe siècle définis comme tel par l’ONU, avec le génocide arménien, le génocide juif et le massacre de Srebrenica.
Les conséquences sur la Région des Grands Lacs
La fuite de très nombreux réfugiés rwandais et militaires déstabilise l’Afrique des Grands Lacs. On estime que la succession de conflits issus de ce drame est à l’origine de plus de 4 millions de morts dans la région et la République Démocratique du Congo est la première victime. La géopolitique des Grands Lacs aura été changée.
La manipulation des médias:
Cette guerre ethnique a révélé une fois de plus le rôle combien néfaste des médias, devenant des outils de propagande lors des conflits. Car, la radio des Mille Collines a lancé les premiers appels au meurtre des Tutsis, qualifiés de « cancrelats ».
Et le rôle de l’ONU?
Aussi cet épisode dramatique a encore mis en lumière les faiblesses de l’ONU et la démission de la communauté internationale. 2500 Casques bleus de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR), destinée à soutenir les Accords d’Arusha étaient déployés au Rwanda. La MINUAR était commandée par le Général canadien R.Dallaire qui déplora l’immobilisme de la communauté internationale. Il déclara le 15 avril 2000, au quotidien La Presse : « Je vis la culpabilité d’un commandant qui a vu sa mission ne pas aboutir à un succès. Je vis aussi avec cette culpabilité vis-à-vis des Rwandais à qui on a donné l’espoir du succès de leur projet de paix et qui, ultimement, se sont fait massacrer en nous regardant avec des yeux d’incompréhension pendant que nous étions impuissants à faire quelque chose.
Ensuite, le 13 décembre 2003, lors d’une interview au journal Le Devoir il dira : « 800.000 personnes sont mortes au printemps 1994, et personne n’a bougé. 2500 personnes ont disparu à Manhattan le 11 septembre 2001, et Bush a mobilisé le monde entier. Voyez-vous, j’ai du mal avec ça ».
Aussi, le Pape a au cours d’un entretien d’une vingtaine de minutes accordée au chef de l’état rwandais a une fois de plus imploré le pardon de Dieu pour les péchés et manquements de l’Église et de ses membres suite l’implication des hommes de Dieu dans le génocide rwandais de 1994. 26 ans après ce conflit, le Rwanda est aujourd’hui un pays émergent, qui compte parmi les pays d’Afrique connaissant la plus forte croissance.
Le cas centrafricain?
Cependant en Centrafrique, après la crise qualifiée injustement de conflit “confessionnel” par certains médias internationaux. Puis dans un passé récent, le Nord du pays, dans les Préfectures de la Vakaga et de Bamingui-Bangora et de la Haute – Koto, des ethnies qui vivaient en symbiose s’entretuaient. Puis recemment, la CPC a lancé une attaque sur Bangui, mais refoulé par les Forces de Défense et de Sécurité appuyées par l’appui Russe et Rwandais. Cette dernière épisode a encore mis à rude épreuve le vivre-ensemble accentué par les réseaux sociaux.
En Lybie, le pays est occupé par des groupes politico-militaires instaurant chacun un « Etat ». Ils se guerroient pour le contrôle des richesses et soutenus par des puissances étrangères. En RDC, des groupes armés imposent leur loi sur un pan du territoire et exploitent les minerais. Ils n’hésitent pas à décapiter la population civile. Tout comme au Sud Soudan, où une accalmie est notée après des années de conflit entre deux anciens alliés.
Afrique, mon Afrique, à l’heure du Covid-19 qui nous révèle nos retards sur plusieurs points, l’avenir de continent doit nous interpeller.
Il est donc temps de dire “plus jamais ça!”
Fleury Agou