Kpôdjitô, ce qui veut dire Reine mère, Viséségan était la Tononou, la cheffe de toutes les femmes du roi Glèlè dans le royaume d’Agbome avant la pénétration européenne.
Elle est devenue la femme la plus puissante dans les années 1870, étant en charge d’autres femmes vivant dans le palais. Visésegan était la femme la plus riche du palais et contrôlait les licences commerciales.
Conseillère du roi et très écoutée, elle était farouchement hostile à tout affrontement avec les Francais. Elle était soutenue par une importante minorité de nobles et de grands dignitaire. Elle reprochait a Kondo son caractère intraitable et sa politique intransigeante qui mécontentaient les Européens.
Viséségan et ses partisans auraient accepté un protectorat et une étroite coopération avec les Francais afin de développer le commerce des palmistes dans lequel ils étaient engagés.
Le temps est venu aurait-elle déclaré à Kondo que les Blancs occupent Cotonou, Godomey, Abomey-Calavi et Ouidah. En échange ils nous paieront des rentes comme font les Anglais au roi de Lagos.
Elle était contre le commerce d’esclaves et les sacrifices humains.
Elle a d’abord soutenu Ahanhanzo et plus tard son fils Sasse Koku en tant que successeur de son mari Glèlè moribond.
Accusé d’avoir causé la mort de certains princes et chefs, Kondo comptait beaucoup d’inimitiés au sein de la famille royale.
Son intransigeance lui valut l’impopularité dans la capitale et dans des provinces comme Cotonou Ouidah et Godomey où quelques chefs et dignitaires passèrent dans l’opposition aux côtés de Viséségan.
Violent et impétueux Kondo aimait semer la terreur et tout le monde devait se plier à sa volonté.
Il avait évincé le premier prince héritier Ahanhanzo qui le gênait et s’était fait nommer à sa place. De même il avait supprimé princes et chefs qui oeuvraient contre sa cause.
Il ne resta plus devant lui que le vieux roi, principal et dernier obstacle qu’il devait abattre et il exaspérait par son impatience de le voir quitter rapidement le trône. Il lui a fait parvenir ses cheveux blancs pour lui annoncer qu’il commençait à vieillir.
D’après certains témoignages oraux, les intrigues de Viséségan et de ses partisans faillirent coûter le trône à Kondo. Celui-ci comprit peut-être que son père regrettait de l’avoir choisi et il songeait le remplacer. Décida-t-il alors de forcer encore son destin.
Sans doute, En tout cas il avait plus que la reine mère de sérieux motifs de supprimer Glèlè, soit directement, soit par intermédiaire des féticheurs.
Les Ahanhanzo, les Glèlè et les Agoli-Agbo continuent de soutenir que c’est Gbêhanzin qui aurait empoisonné son père pour s’accaparer du trône.
Du côté des Béhanzin, c’est plutôt Viséségan qui aurait empoisonné son mari parce qu’il refusait de signer le protectorat français.
Quand Béhanzin est devenu roi à la place de son père, Visésegan a mené une tentative pour le renverser, qui a finalement échoué. BÉHANZIN la fait arrêter et fit propager la rumeur que c’est elle qui avait empoisonné son père Glèlè. Toute ses propriétés et richesses furent saisies.
Elle ne restera pas les bras croisés car elle va continuer de conspirer avec les émissaires de son parti don le prince Soglo qui suscitera le choix de Goutchili comme remplaçant de BÉHANZIN déchu.
Pendant que BÉHANZIN s’opposait à la cession de Cotonou, il était prêt à signer un protectorat avec les Portugais, les Allemands de Lomé et les Anglais de Lagos.
Viséségan est morte en 1912.
Extrait de l’article « Enquête sur la politique du royaume de Dahomey à la fin du 19ème siècle » de #Luc_Garcia publié dans la revue »Cahier d’études africaines » 1976
Source: Bénin Monde Actualités