Faisant face à une grave crise économique, le Ghana est entré en défaut de paiement le 18 janvier dernier en n’honorant pas une échéance de 40,6 millions de dollars sur son euro-obligation britannique. Le 20 janvier 2023, S&P Global Ratings a officialisé le défaut en rétrogradant la note en devises du pays de » CC » à » D » (par défaut).
Cette situation était prévisible puisqu’en décembre 2022, le gouvernement annonçait la suspension provisoire des paiements du service de la dette extérieure dont les euro-obligations, les prêts commerciaux à terme et la plupart des dettes bilatérales. Le ministre des Finances Ken Ofori-Atta avait alors expliqué que cette mesure visait à » empêcher une nouvelle détérioration de la situation économique, financière et sociale » du pays » dans l’attente d’accords futurs » avec tous les créanciers.
Pour l’instant, les autorités ghanéennes n’ont pas encore fait d’offre d’échange formelle aux détenteurs d’euro-obligations commerciales. Jusqu’à ce que cela arrive, les analystes de l’agence estiment que le pays sera maintenu dans cette catégorie, la dernière de l’échelle de notation. » La note d’émission de ces titres restera à « D » en attendant les renégociations de la dette « .
Sous pression, Accra doit trouver un accord de restructuration avec ses créanciers internationaux et locaux afin d’accéder à un décaissement de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international. Le pays a par ailleurs sollicité un reprofilage de sa dette étrangère dans le cadre commun du G20 sauf que le retard observé dans le processus depuis sa mise en place semble refroidir les ardeurs du pays.
Pour les obligations domestiques qui représentent 42% de l’encours global de la dette publique, le gouvernement peine à convaincre les créanciers avec un offre de réduction du rendement (0% en 2023, 5% en 2024, et 10% à partir de 2025) et de rallongement des échéances de paiement. » Les implications de l’offre d’échange sur la liquidité et l’adéquation du capital pour les détenteurs d’obligations nationales sont assez graves et expliquent en grande partie la résistance à l’offre initiale, en particulier en l’absence de plus de détails sur une nouvelle facilité de liquidité » a commenté S&P.
La difficulté à restructurer sa dette retarde le décaissement du FMI dont le pays a tant besoin pour rétablir sa stabilité macroéconomique et garantir la viabilité de la dette tout en protégeant les couches les plus vulnérables de sa population.
Source : Sika Finance