Tout le monde se demandait : comment va faire Emmanuel Macron avec la Coupe de France ? Va-t-il y aller franco de port, le verbe haut comme d’hab, s’afficher devant un public qu’il sait hostile ? Ou va-t-il se cacher, et s’arranger pour faire passer cela pour une victoire politique ?
C’est la deuxième solution qui a été choisie. Comment ne pas être sidéré quand on entend des commentateurs clamer que Macron a gagné au Stade de France parce que le public ne l’a pas hué comme il fallait s’y attendre ni sorti les drapeaux rouges et les sifflets ?
Tout a été fait pour que cela soit ainsi. Les cartons rouges et les sifflets que les syndicats ont distribués aux spectateurs à la sortie des transports en commun ont été confisqués par les policiers à l’entrée du stade. Comme si des morceaux de tissu et des sifflets étaient des armes dangereuses. Le président français s’est gardé de descendre sur la pelouse pour saluer les joueurs comme il l’a toujours fait. Le fait qu’il n’ait pas apparu dans ce stade chauffé à blanc lui a évité la bronca.
On s’est gardé même de le montrer sur les grands écrans du stade. D’habitude, la caméra s’attardait sur le président français. Mais cette fois-ci, pas une seule fois il n’est apparu à l’écran. On a fait comment s’il n’avait pas été là.
Pourtant, il était bien là, à la tribune présidentielle, et c’est lui qui, comme de tradition, a remis la coupe de France aux joueurs de Toulouse qui l’ont remportée.
Les commentateurs proches du palais ont interprété tout cela comme une défaite des syndicats, donc de la mobilisation contre la réforme des retraites. Mais le lendemain, la mobilisation historique du 1er Mai est venue relativiser les interprétations euphoriques.