Un coup d’État, c’est forcément réactionnaire puisque cela consiste à faire tomber par la force un pouvoir supposé ou censé être légitime. Pourtant, ce n’est pas toujours vrai. Parfois, souvent, c’est même le contraire. Le coup de force déloge des squatters du pouvoir aux pratiques plutôt antidémocratiques.
L’histoire du 20e siècle est jalonnée de coups d’État. Le processus s’accélère notamment depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Amérique latine et l’Afrique sont les continents où le coup d’État s’est beaucoup pratiqué depuis les années 1950 et, en Afrique, depuis les indépendances. Sous-développés politiquement et économiquement, dépendant des grandes puissances, les pays d’Amérique latine et d’Afrique ont, en revanche, des forces armées relativement puissantes. Ça produit des régimes adossés à l’armée. Et comme les armées elles-mêmes sont dépendantes pour l’armement et la formation de pays plus puissants, ces pays deviennent des enjeux de convoitises géostratégiques des grandes puissances qui les transforment en laboratoires pour coups d’État.
Ce qui vient de se produire dans certains pays africains cet été n’échappe pas à ce schéma général de l’influence des grandes puissances sur des pays dépendants. Nul doute qu’au Niger comme au Gabon, il se joue une partie d’appropriation par les grandes puissances économiques d’aires d’influence.
S’agissant de l’Afrique, il est évident que, contrairement à ce que clament les responsables français, c’est un autre épisode de la Françafrique qui se déroule. Le coup d’État contre Ali Bongo met fin à un pouvoir de près de 50 ans des Bongo, une dynastie françafricaine.
L’inconvénient avec ces coups d’État en Afrique, et c’est ce qu’enseigne le 20e siècle, c’est que des juntes s’approprient le pouvoir contre des dictateurs et parfois dans une visée anti-impérialiste mais souvent c’est pour rejouer la même partition.
Le soir d’Algérie