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À Makokou, une adolescente de 16 ans a été égorgée. Le drame est insoutenable. Le vendredi 20 juin 2025, Magne Ekogo Naomie Grâce, élève au CES Public de Makokou, a été sauvagement tuée. Le principal suspect, Zadié Mane Austine, est toujours en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire, où les enquêteurs poursuivent les investigations. Et pendant que Makokou pleure, pendant que les familles attendent, pendant que la presse s’interroge… le procureur de la République près le tribunal de première instance de Makokou, M. Oudasse Wague, reste enfermé dans un silence plus pesant que le crime lui-même.
Il est pourtant clairement établi par la pratique judiciaire que le procureur de la République doit impérativement communiquer à la suite du déferement d’un auteur présumé de crime ou de délit. C’est à lui et à lui seul de dresser un premier tableau des faits, de dire ce que la justice sait, ce qu’elle soupçonne, ce qu’elle entend faire. C’est lui qui annonce l’ouverture ou non d’une information judiciaire, les qualifications retenues, les suites judiciaires envisagées.
Mais à Makokou, c’est une autre loi qui s’applique : la loi du silence… signée Wague.
Le mutisme est devenu son marteau. L’évitement, sa toge. La distance avec les journalistes, son credo personnel.
À défaut de déclaration officielle, ce sont les policiers eux-mêmes débordés et embarrassés qui doivent, bon gré mal gré, livrer quelques miettes d’informations à une presse locale affamée de vérité. Mais ce n’est pas à eux de parler. Ce n’est pas leur rôle. Ce n’est pas leur mission.
Monsieur le procureur, ce n’est pas à vos inspecteurs de faire le service après-crime, c’est à vous. Vous êtes le visage de la justice. Vous êtes le maillon de la République. Vous êtes le procureur, pas une ombre derrière les stores fermés de votre bureau climatisé.
Depuis sa prise de fonctions, M. Oudasse Wague cultive une relation polaire avec la presse locale : glaciale, distante, méprisante. Parlez-lui d’un micro, il prend ses jambes à son cou. Tendez-lui une question, il vous répond par le vide. À croire que sa formation en magistrature a sauté le module “Relation presse”.
Mais nous sommes en République, Monsieur ! Et dans une République, les procureurs ne se taisent pas quand le sang coule.
Quand une adolescente meurt égorgée en plein jour, la population ne veut pas des murmures de couloir, ni d’un “no comment” bureaucratique. Elle attend une parole claire, publique, officielle. Vous êtes payé pour ça.
La presse gabonaise dénonce avec fermeté ce refus chronique de communiquer qui ne fait qu’ajouter de la douleur au drame. À ce jour, aucune déclaration du procureur, aucune annonce sur une éventuelle information judiciaire, aucune explication sur les circonstances. Rien. Le vide. Le mépris. L’écho d’un silence coupable.
Monsieur le Procureur Oudasse Wague, la justice n’est pas un couvent, ni un bunker. Elle parle, elle éclaire, elle informe. Le peuple gabonais a le droit de savoir. Et vous, le devoir de vous exprimer.