Togo – Université de Lomé : Quand le droit s’oppose à la pratique, qui détient réellement le pouvoir ?

Le bras de fer entre le Président de l’Université de Lomé, Pr Kossivi HOUNAKE, et le ministre de l’Éducation nationale, Mama OMOROU, met en lumière une tension récurrente dans la gouvernance des universités publiques togolaises : la frontière entre autonomie universitaire et tutelle ministérielle.

Autonomie universitaire : Les universités sont censées jouir d’une autonomie académique et administrative. Le président, en tant que chef de l’institution, peut estimer qu’il lui revient de créer des postes nécessaires au bon fonctionnement de son cabinet.

Pragmatisme administratif : La création d’un poste de directeur de cabinet peut être vue comme une mesure organisationnelle interne, visant à renforcer l’efficacité de la présidence.

Vision modernisatrice : Dans un contexte où les universités doivent s’adapter aux défis contemporains, le président peut défendre l’idée que certaines innovations administratives ne devraient pas être freinées par une lourde tutelle ministérielle.

Primauté de la loi : La législation togolaise (loi n°97-14 modifiée en 2014) stipule clairement que la création de directions centrales et la nomination de leurs responsables relèvent du Conseil de l’Université et nécessitent l’aval du ministre.

Prévention des abus : Permettre à un président d’université de créer et nommer unilatéralement des postes pourrait ouvrir la voie à des dérives, clientélisme ou favoritisme.

Cohérence nationale : Les universités publiques étant des établissements d’État, leurs structures doivent rester harmonisées et conformes aux règles fixées par le gouvernement.

Ce conflit illustre une contradiction :

  • D’un côté, l’université revendique une autonomie indispensable à son dynamisme.
  • De l’autre, l’État rappelle que cette autonomie est encadrée par la loi et ne peut se transformer en indépendance totale.

En définitive, chacun a une part de raison : le Président défend une logique d’efficacité interne, tandis que le Ministre s’appuie sur la légalité et la cohérence institutionnelle. Le véritable enjeu n’est donc pas de savoir qui a raison, mais de trouver un équilibre entre autonomie et tutelle, afin que l’université puisse fonctionner efficacement sans sortir du cadre légal.

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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