Pilier fondamental de la lutte contre le terrorisme, l’Opération Barkhane avait permis de d’éliminer plusieurs chefs terroristes au Sahel. Cependant, l’incapacité du dispositif à enrayer définitivement les attaques dans les zones chaudes notamment l’espace trois frontières (frontière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger), une immense zone désertique de la taille de l’Allemagne parsemée de dunes rocailleux et sableux, ont poussé le président Emmanuel Macron à repenser sa stratégie dans une nouvelle cadre qui sera prochainement définie.
« Nous allons amorcer une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel », a déclaré le président Macron lors d’une conférence de presse. Le changement de stratégie dont les détails n’ont pas été encore dévoilés par l’Elysée pourront se dérouler selon trois scénarii.
Scénario 1 : l’armée française pourrait déployer uniquement ses forces spéciales notamment l’unité « Sabre » connue pour son efficacité et sa perspicacité sur terrain au sein de la force européenne « Takuba » pour mener des opérations coup de poing à travers des cibles bien définies : neutraliser les moyens logistiques des groupes terroristes et éliminer les cibles de hautes valeurs stratégiques notamment les chefs des différentes factions. L’implication du partenaire américain sera un atout de taille.
Scénario 2 : il consiste à reprendre le même schéma utilisé au levant par les forces occidentales avec les kurdes face à l’EI. Il s’agira d’accélérer la montée en puissance des armées sahéliennes ou le G-5 sahel, à travers l’entrainement, la dotation en matériel et une formation plus poussée. Cela permettra à la force européenne Takuba d’épauler les forces locales qui seront en première ligne face aux terroristes. En cas de manque de résultats probants sur le terrain, une opération de type « Serval » pourra être réactivée.
Scénario 3 : dans ce cas, il s’agira bâtir encore une coalition plus large impliquant davantage d’autres pays du Sahel notamment les armées ivoiriennes et sénégalaises, compte tenu que la force de paix onusienne Minusma n’a pas, quant à elle, un mandat fort qui lui permette d’agir contre les djihadistes. Cette stratégie permettra de détricoter l’image de la bombe de « puissance d’occupation » accolée à l’armée française.
Qu’importe la forme que prendra la nouvelle stratégie en remplacement à l’opération Barkhane, la fermeture des bases comme annoncé par le président Macron ne doit nullement concernés les bases aériennes. Le maintien de la puissance de feu constitue non seulement une force de coercition redoutable face aux djihadistes, mais elle permettra de neutraliser ces derniers au cas échéant ils décideront de basculer en mode « dissymétrique » ou « asymétrique » pour conquérir des villes. L’histoire a montré que l’absence d’une puissance feu aérienne avait permis avait permis à l’armée nord vietnamienne de marcher sur la capitale Hanoï. Plus encore, ce même scénario s’est reproduit en Irak en 2014 dans le sillage de la montée en puissance de l’EI. Cela suppose que la force aérienne ne doit aucunement être réduite mais ajustée d’une manière considérable.
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