Dans une interview accordée à Radars Info Burkina, le diplomate, Docteur en sciences politiques, ancien président de l’Assemblée Nationale du Burkina, donne son avis sur certaines décisions du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Radars Info Burkina : La CEDEAO veut échanger avec l’Union africaine, l’UEMOA, l’ONU et d’autres organisations Internationales ainsi qu’avec les partenaires bilatéraux sur le retrait du Burkina, du Mali et du Niger en vue de convaincre le Burkina Faso, le Mali et le Niger de rester dans la Communauté.
Ces trois pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel vont-ils accepter de revenir sur leur décision comme le souhaite la CEDEAO ?
Mélégué TRAORE : Les décisions de cette nature, ne sont pas prises une fois pour toutes. On ne peut pas se passer de la CEDEAO. À mon avis tôt ou tard, on reviendra à la CEDEAO. Je vois mal comment nous qui sommes au cœur de l’Afrique de l’ouest, pouvons être coupés du reste de la sous-région, sans compter que la CEDEAO a été créée en grande partie pour aider les pays sahéliens.
Les pays côtiers ont beaucoup de possibilités, avec des ports, des richesses, ils n’ont pas de problème de pluviométrie. La ville d’Abuja est plus riche que tout le Burkina et même tout l’AES.
Les sahéliens ont beaucoup lutté pour la création de la CEDEAO. Tout le monde s’organise par région et c’est nous seules qui allons-nous fractionner, ça sert à quoi ?
Sans la CEDEAO, personne ne nous écoute à l’ONU. Lorsque nous avons un problème au niveau des nations unies, c’est par la CEDEAO qu’on passe pour se faire entendre.
En Afrique de l’ouest l’ONU n’écoute que le Ghana, le Nigéria, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
L’institution a été un grand progrès dans le processus de l’intégration de l’Afrique et de l’unité africaine. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut tout accepter. En relation internationale, il faut toujours jouer intelligemment et habilement.
C’est dans ces conditions que je dis qu’on pourrait très bien revenir dans la CEDEAO.
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D’ailleurs, ce qui fait qu’un gouvernement peut décider de quitter la CEDEAO tout à fait souverainement, un autre gouvernement qui veut, peut décider tout aussi souverainement de retourner à la CEDEAO. (…)
Quant à ceux qui disent que ce retrait est définitif, c’est une décision de non-retour, quelqu’un qui dit ça n’a jamais touché aux affaires, il ne sait même pas comment le gouvernement fonctionne.
Il n’y a pas de non-retour pour un État, surtout en diplomatie, en politique étrangère, tout est toujours possible. La décision qu’on prend aujourd’hui, demain on peut très bien revenir là-dessus et trouver les arguments pour expliquer.
Ce qu’il faut trouver actuellement avec la CEDEAO, ce sont des mécanismes de coopération parce qu’on aurait pu très bien créer l’AES, la fait vivre de façon dynamique sans avoir besoin de quitter la CEDEAO.