Dans une vidéo obtenue par Oméga via l’avocat du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, ce dernier dénonce une « tentative d’élimination physique » de sa personne.
Assis dans son salon dans un polo, le lieutenant-colonel dans la vidéo de 2mn50 évoque des tentatives d’assassinat dirigées contre sa personne. « Depuis que j’étais à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), il y a eu deux tentatives d’empoisonnement contre ma personne », déclare le lieutenant-colonel. « Il y a même un qui est venu dire qu’on l’avait envoyé en mission mais finalement ( comme) il m’a connu autrefois donc il ne peut pas régler ça de cette manière. Il m’a juste avisé pour que je sois très prudent », dit-il.
Il poursuit ses explications, disant qu’après, il y a eu des velléités d’une opération au cours de laquelle on allait profiter l’éliminer à la MACA. « Je sens qu’il y a certains qui étaient au courant et certains qui n’étaient pas d’accord et qui ont demandé à être dans le lot pour pouvoir me sécuriser », a-t-il lâché.
Et ce n’est pas tout ! « Depuis que j’ai été libéré, c’était que je me promène dans la ville pour qu’on puisse finaliser le plan », affirme Emmanuel Zoungrana. « Il y a des drones qui ont survolé ma résidence depuis que je suis là pendant au moins 4 ou 5 jours, tous les matins à 4h. Les enfants ont même pris des photos », explique le lieutenant-colonel Zoungrana dans la vidéo témoignant qu’il y a eu trois drones à la fois et que ces drones étaient armés. « On peut bien se demander quel était l’objectif de ces drones armés? », s’est-il interrogé et de tirer sa conclusion : « donc c’est une tentative d’assassinat ratée contre moi qui se transforme en arrestation avec des accusations dilatoires du même rang qu’autrefois »
A la question de savoir pourquoi les autorités craignent tant le lieutenant-colonel ? Il affirme lui-même ne rien savoir.
« Je sais que j’ai passé toute ma carrière à combattre. J’ai combattu contre le Polisario (Sahara Occidental, ndlr), j’ai combattu au Darfour (Doudan, ndlr), au Mali, au Burkina et je pense avoir joué ma partition. Est-ce que c’est cela qui est craint par les autorités ? », s’interroge le lieutenant-colonel Zoungrana. « En tout cas je ne suis pas un terroriste », a-t-il prévenu. « Beaucoup peuvent témoigner que je me suis battu contre les terroristes et je me suis battu pour le Burkina Faso, le reste c’est la politique », a-t-il déclaré et de poursuivre que la politique n’a pas de sentiments. « Si tu es gênant, soit on te liquide physiquement ou alors on te jette en prison ou on te pousse à l’exil », ajoute-t-il. « Il est important que les gens comprennent l’enjeu qui se trame aujourd’hui », note le lieutenant-colonel.
Pour lui, « l’injustice ne peut pas être un ciment pour la cohésion nationale ».
« Combien de coups d’Etat ont eu lieu au Burkina Faso? Mais les gens tournent et sont au dehors », a dit Emmanuel Zoungrana citant en exemple ceux du 24 janvier du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba et du 30 septembre du Capitaine Ibrahim Traoré.
Mardi, des gendarmes qui s’étaient déployés au domicile – commune de Pabré sortie nord de la capitale – du Lieutenant-Colonel Emmanuel Zoungrana, ont pu avoir accès à lui, avait confié à Oméga un des responsables du Mouvement Patriotique pour la liberté et la justice, mouvement soutenant le Lieutenant-Colonel. Aux dernières nouvelles, le lieutenant-colonel a été conduit à la justice militaire où il était toujours mardi après-midi.
Le 15 décembre dernier, la Chambre de contrôle du Tribunal Militaire a accordé une liberté provisoire assortie d´un contrôle judiciaire au Lieutenant-Colonel Emmanuel Zoungrana.
Le Lieutenant-Colonel qui avait été arrêté en janvier 2022 pour tentative de coup d’État contre le pouvoir de Roch Kaboré, a été libéré courant février mais immédiatement renvoyé le même jour, 2 février, en prison. Il est accusé pour ce second mandat de dépôt, entre autres, de complot contre la sûreté de l’État, de blanchiment de capitaux, de faux et usage de faux et, enfin, d’enrichissement illicite.
Source : Omega