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Dans la préfecture de Lim Pendé, l’agriculture constitue le pilier économique. Même si les multiples affrontements entre l’armée nationale et les rebelles de la coalition des patriotes pour le Changement (CPC) ont eu lieu dans cette région, cela n’a pas totalement affecté les agriculteurs. Ces derniers, réunis en groupement et soutenus par le Programme Alimentaire Mondiale (PAM), ont bénéficié d’un revenu de « plus d’un milliard de franc CFA » pendant 6 ans d’activité.
La genèse et les valeurs productives des groupements agricoles à Paoua : « l’union fait la force »
Tout a commencé en 2015 à Paoua où quelques agriculteurs ont décidé de se mettre en groupe pour augmenter leurs productions. D’ailleurs l’idée est de tester l’expression qui dit : « l’union fait la force ».
Dans la genèse de la création de leur coopérative, Sylvanus Téon, président de ces groupements des agriculteurs a expliqué qu’« au départ, nous n’étions que cinq (05) groupements mais à ce jour, on compte 102 groupements pour 2040 membres dont 800 femmes et 1240 hommes. Si l’activité principale demeure l’agriculture, elle est accompagnée de l’activité pastorale car on parle toujours de l’agropastorale et surtout que c’est grâce à la charrue que nous cultivons des hectares, ce qui favorise un meilleur récolte ».
Cependant, sur les 102 groupes réunis, il est difficile de mesurer la superficie utilisée jusque-là, car ces multiples groupes se trouvent dans différentes localités de la préfecture de Lim Pendé et peuvent cultiver jusqu’à 10 hectares par année.
« Pour cette saison champêtre et dans le cadre de notre premier contrat, nous avons déjà vendu 380 tonnes de haricot. Et on vient de gagner un deuxième contrat qui nous demande 75 tonnes. Cela sous-entend que nous avons déjà rassemblé et totalisé 550 tonnes de haricot alors que la saison n’est pas encore terminée », a indiqué, Sylvanus. Il s’agit-là d’« un résultat très satisfaisant ».
A cela s’ajoute aussi la récolte de « 120 tonnes d’arachide, 100 tonnes de mil, 50 tonnes de maïs », disponibles dans les « huit (08) entrepôts » de la coopérative qui attend la récolte du sésame.
Et les gains ?
Ces récoltes satisfaisantes sont aussi accompagnées de gains. « Il serait difficile de donner des chiffres exacts pour chaque année. Cependant, pour la saison 2019-2020, nous avons encaissé 325 millions de Franc CFA et de 2020 à 2021, nous avons déjà vendu 380 tonnes de haricot pour une valeur de 1 378 800 CFA. Nous sommes en train de décortiquer encore 75 tonnes de haricot pour une valeur de 64 millions et nous avons vendu un stock d’arachide pour 25 millions », a précisé le président de la coopérative. Il a ajouté qu’ « à ce jour, nous avons contacté d’autres partenaires comme le FAO qui est déjà passé pour des prélèvements. On attend leur retour pour discuter des contrats. Mais, je peux vous confirmer que pour les six (06) ans d’activités en équipe, nous avons pu gagner plus d’un milliard de franc CFA ».
A en croire Sylvanus, leur activité champêtre est capitale pour la prise en charge de leurs familles respectives en ce qui concerne les soins médicaux, la scolarisation des enfants, …. Et pour tirer le maximum de profit, la coopérative envisage d’augmenter les superficies cultivées.
Indispensables appuis techniques et financiers des partenaires au développement
Pour permettre aux agriculteurs de bien profiter de leurs activités, le premier partenaire de ces groupements est le Programme Alimentaire Mondiale (PAM), à qui Sylvanus témoigne ses apports : « le PAM est notre premier partenaire dans le contexte d’appui technique et de financement. Il nous donne des outils de travail comme des motos tricycles, des décortiqueuses, nous fabrique des entrepôts et des semences. Mais, ce qui nous ait vraiment bénéfique est le fait que c’est le PAM qui est notre premier partenaire en termes d’achats de nos produits ».
Cette contribution considérable du PAM s’inscrit dans le cadre de son projet « Purchase for Progress P4P » qui est « l’achat pour le progrès ». Il a été initié en 2015 pour relancer l’agriculture vivrière et les marchés agricoles qui ont été détruits pendant les conflits politico-militaires en 2013. Le projet « Purchase for Progress P4P » bénéficie du financement des bailleurs, notamment la Banque Mondiale, le don du gouvernement américain, don du peuple finlandais et le Fonds Bêkou de l’Union Européenne.
Les obstacles aux productions et la plainte des agriculteurs: Souhait d’une transformation locale :
Si on salue la production qui est « satisfaisante », les agriculteurs sont confrontés à l’insécurité dans le « grenier de la RCA » qui est cette partie du territoire. Les groupes armés ont changé de tactique de combat et utilisent désormais des mines anti personnel. « Ceci est une véritable entrave aux activités agropastorales. Cela suscite une peur chez les agriculteurs », a déclaré Mr Joachin, un membre du groupement. Il a déploré que « c’est ce qui a fait baisser le tonnage des produits pendant l’année 2020-2021 ». Il souhaite donc le retour de la paix et de la sécurité dans la région pour relancer vraiment leurs productions.
Pareillement, la coopérative par la voix de son président a souhaité que les groupements soient soutenus par d’autres organisations pour faciliter l’écoulement des produits sur d’autres marchés de consommation ainsi que « leur transformation en vue de profiter des valeurs – ajoutées ».
Demande de matériels modernes :
Pour plus de production « nous voulons dépasser l’étape des charrues pour arriver aux tracteurs ; par exemple, personnellement, j’ai déjà passé plus de 40 ans dans l’agriculture manuelle et avec les charrues. Alors on tient vraiment à la mécanisation de l’agriculture pour des résultats plus probants », a souhaité le président Sylvanus. Pour pérenniser leurs activités, l’ensemble des groupements sont en entente cordiale et prône la bonne gouvernance.
Nanti d’un sous-sol riche, la République centrafricaine peine à profiter de ses 15-17 millions de terre arable. Des stratégies doivent être développées pour booster le secteur qui est un vecteur incontournable de l’autosuffisance alimentaire et lutter contre la malnutrition et la famine en Centrafrique. Surtout avec la crise ukrainienne qui est en train d’impacter sur la production de blé dans le monde. source: Par Brice Le-doux Saramalet / Oubangui Médias