Colonisation de l’Afrique : L’histoire d’un continent blessé

À partir de 1444, les Portugais explorent les côtes ouest-africaines à la recherche de nouvelles routes commerciales vers l’Asie. Ils installent des comptoirs et troquent l’or, l’ivoire, puis des êtres humains. La traite négrière transatlantique commence et déporte plus de 12 millions d’Africains en 3 siècles. Ce drame fragilise certains Royaumes africains, en renforce d’autres, et crée des tensions durables entre les peuples sur le continent.

Jusqu’au 19e siècle, les européens ne contrôlent que quelques ports sur le continent, en particulier en Afrique de l’Ouest. L’intérieur du continent restait indépendant et souverain, organisé en royaumes et empires comme les Ashanti, Zoulous, Toucouleurs, Mossi, Kongo, Kanem-Bornou ou Dahomey. Ces États ont leurs langues, leurs cultures, leurs alliances et leurs conflits. L’Afrique est alors un espace vivant, structuré, dynamique.

Mais à partir de 1880, la colonisation s’accélère. Poussées par la révolution industrielle, les Européens veulent des ressources, des marchés, du prestige. La logique est brutale : conquérir pour ne pas être conquis. Lors de la Conférence de Berlin (1884-1885), la France, le Royaume Uni, l’Allemagne, la Belgique, le Portugal et l’Italie et l’Espagne se partagent l’Afrique sans la moindre voix africaine. Le continent est découpé sans tenir compte des peuples, des frontières naturelles ni des histoires anciennes.

La « course au clocher » commence : en 1914, 90% de l’Afrique est colonisée. Seuls le Libéria ( fondé par d’anciens esclaves noirs américains ) et l’Éthiopie conservent leur indépendance. L’Éthiopie inflige d’ailleurs une défaite mémorable à l’Italie en 1896 à Adoua, marquant l’un des rares succès africains face à l’invasion européenne. Le reste du continent tombe sous domination étrangère.

La colonisation est brutale et inhumaine. En Algérie, conquise dès 1830, les massacres, les déportations et la terreur marquent la colonisation française. En RDC, propriété personnelle du roi Léopold II, des millions de Congolais meurent dans l’exploitation du caoutchouc. Mains coupées, village rasés, mutilations, exécutions : c’est le pire visage de la colonisation européenne.

Mais les Africains ne restent pas passifs. De nombreuses résistances émergent : Samory Touré en Guinée, Behanzin au Dahomey, Rabah au Tchad, Abdelkader en Algérie, Menelik en Éthiopie ou Chaka Zoulou en Afrique australe. Ces leaders mènent des luttes héroïques, mais finissent souvent vaincus par la supériorité militaire des Européens.

Une fois les territoires conquis, les colonisateurs imposent leur langue, leur religion, leur système politique et éducatif. L’Afrique est exploitée : travail forcé, impôts, terres confisquées, cultures méprisées. Les Africains sont traités comme des sujets sans droits. L’Église chrétienne joue un rôle ambigu : à la fois outil de domination des religions africaines et d’éducation.

Pourtant, la résistance se transforme : révoltes, désobéissance, refus de l’impôt, préservation clandestine des cultures, émergence d’une élite intellectuelle. Dès l’entre-deux-guerres, des figures comme Blaise Diagne, Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire, W.E.B. Du Bois, puis Senghor et Nkrumah, donnent naissance à une pensée panafricaine émancipatrice. Le combat devient politique, idéologique, culturel.

La Seconde Guerre mondiale marque un tournant. Des milliers d’Africains combattent pour les Alliés. À leur retour, beaucoup exigent l’égalité. Dès 1955, la décolonisation s’accélère. Le Ghana devient indépendant en 1957. En 1960, 17 pays ( notamment : Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mali, RDC Niger… ) accèdent à l’indépendance, mais souvent sous surveillance. D’autres doivent se battre : l’Algérie (1962), les colonies portugaises (années 1970), l’Afrique_du_Sud (1994).

Au total, plus de 50 millions d’Africains ont perdu la vie suite aux atrocités de la colonisation. Elle a façonné les langues, les villes, les systèmes éducatifs et les formes du pouvoir. Elle a laissé des cicatrices durables, mais aussi une mémoire vive. L’Afrique, malgré tout, continue d’avancer, fière et debout.

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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