Contribution/ Changement climatique : Il faut maintenir la Mer Morte … en vie ( par Yaël Shalboub)

Ce lac salé situé entre Israël et la Jordanie voit sa superficie diminuer depuis plusieurs décennies, en 50 ans 1/3 de sa surface a disparu et si rien n’est fait il disparaîtra pour de bon.
Cette diminution du niveau des eaux est principalement dû aux pompages excessifs en amont qui réduisent drastiquement le débit du Jourdain, son principal affluent mais également de l’industrie qui exploite les minéraux de la mer par évaporation.

Ce destin funeste peut être déjoué par la construction d’un canal entre la Mer Rouge et la Mer Morte en passant par la Jordanie comme le montre le tracé sur la carte. Ce projet audacieux permettrait non seulement de réguler le niveau de la Mer Morte et donc de la préserver mais également de profiter du dénivelé entre les deux mers pour transformer l’énergie potentielle de pesanteur en énergie mécanique, puis en énergie électrique par la construction de deux barrages hydroélectriques. Il est aussi planifié de construire une centrale de dessalement d’eau de mer qui permettrait d’approvisionner la région en eau douce, ressource extrêmement précieuse au Moyen-Orient.

Ces points positifs sont à contrebalancer par le coût énorme de l’entreprise : 11 milliards $ et 400 millions annuel pour l’entretien, à cela s’ajoute le risque de dénaturer la composition minérale de la Mer Morte et donc de nuire à toute l’industrie qui en tire profit et le risque majeur de dégâts matériels dans cette zone sismique. Plusieurs suggestions de canaux Mer Méditerranée – Mer Morte sont à l’étude pour pallier à ces complications.

La Mer Morte est un endroit unique au monde ! C’est le point le plus bas sur terre ferme (-434 m par rapport aux niveaux des océans), elle contient 26 minéraux lui donnant un pourcentage massique en sels de 34% ce qui la rend dix fois plus salée que la Méditerranée. Cette forte concentration massique en cristaux ioniques assure une poussée d’Archimède suffisamment grande pour flotter à la surface sans aucun effort ! Cette forte salinité empêche toute vie aquatique de s’y développer, d’où son appellation de Mer « morte », cependant des micro-organismes sont bien présents.
Sa composition minérale unique, lui confère de nombreux bien faits thérapeutiques pouvant aller jusqu’à guérir certaines maladies de peau. Les firmes de plusieurs secteurs tels que les cosmétiques, les engrais, les insecticides et les pièces automobiles jouissent de cette manne abondante pour développer leurs industries chimiques.

La Mer Morte est également un important pôle touristique, attirant des visiteurs internationaux du monde entier chaque année, en témoignent les stations balnéaires luxueuses aménagées aux bords de l’entendue marine.

Cette mer porte également de nombreux épisodes historiques emblématiques du peuple Juif. On peut citer, Ein Gedi, lieu où David s’était réfugié pour échapper à la fureur du Roi Saül, le premier Roi d’Israël, ou encore Qumran, site où la communauté essénienne juive s’était installée pour s’isoler du train de vie insupportable des élites religieuses juives de Jérusalem. Ils seront à l’origine des manuscrits de la Mer Morte retrouvés un peu partout au Nord-Ouest de la Mer salée, textes datant du IIIè au IIè siècles avant JC prouvant que l’Ancien Testament n’avait pas été modifié par les communautés chrétiennes au cours des siècles. Et comment ne pas évoquer Massada, l’ultime forteresse située à proximité de la “mer empoisonnée” où les juifs zélotes qui s’étaient rebellés contre l’Empire Romains entre 66-73 furent retranchés dans un dernier acte héroïque de résistance avant d’être vaincu par le général romain Lucius Flavius Silva merveilleusement interprété par Peter O’Toole dans la série télé « Massada ».

Cette mer est un joyau naturel, source d’activités économiques importantes et caractéristique à elle seule d’une histoire et d’un pays trois fois millénaire. La nécessité de la protégée est donc primordiale. L’idée de la construction du canal avait débuté en 1994 lorsque Israël et la Jordanie avaient signé leur accord de paix, puis se concrétise en 2013 avec l’autorité palestinienne.

Ce projet pharaonique est d’un enjeu crucial pour la région, elle permettra de produire de l’électricité propre, de l’eau douce, et d’éviter l’assèchement de cette mer si singulière. Si cette opération aboutie, elle sera le fruit d’une coopération entre Israel, Jordanie, et Autorité palestinienne mettant en jeu des accords de partage d’eau et d’échange d’eau potable entre les participants. Une avancée historique dans la région, marquant un pas de plus vers la paix. La Jordanie a récemment renoncé à la construction du canal mais se focalise tout de même à bâtir l’usine de dessalement programmé, l’espoir n’est pas mort.

En voulant sauver la Mer Morte, israéliens et palestiniens, juifs et arabes collaborent pour sauvegarder leur bien commun. Mais n’est-ce pas plutôt l’inverse ? C’est la Mer Morte qui par son importance peut sauver la région d’un assèchement diplomatique.

Source: géopolitique

Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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