Discours de Abdoulaye DIOP à la Conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique

Discours de Son Excellence Monsieur Abdoulaye DIOP, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, à la première Conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique à Sotchi, le 10 novembre 2024.

Je voudrais tout d’abord réitérer les félicitations de la délégation du Mali à la Fédération de Russie pour la tenue de la présente conférence ministérielle et son organisation réussie.

Je suis heureux de noter que la quasi-totalité des engagements pris lors du Sommet de Saint-Pétersbourg ont été exécutés ou sont en cours d’exécution aussi bien sur les questions humanitaires, de renforcement des capacités que dans le domaine des investissements dans les secteurs stratégiques comme l’agriculture, l’énergie, les mines, les infrastructures et voire des secteurs de pointe comme l’exploitation spatiale aux fins de télécommunications mais aussi de contrôle de nos territoires.

Concernant mon pays, c’est avec un grand plaisir que je confirme que, conformément aux annonces faites durant le 2ème Sommet, le Mali a bénéficié d’une solidarité remarquable de la part de la Fédération de Russie, dans les domaines de l’assistance humanitaire, de la sécurité alimentaire et de l’Enseignement supérieur.

Je voudrais me réjouir de l’opérationnalisation du Mémorandum d’Entente sur la coopération dans le domaine de l’énergie qui a permis le lancement de la construction de centrales photovoltaïques qui permettront de répondre de manière significative aux besoins en électricité du Mali. D’autres mesures, en cours de finalisation, permettront de consolider la souveraineté économique du Mali.

En matière de défense et de sécurité, la Russie poursuit ses appuis au Mali en vue de parachever la montée en puissance des Forces de Défense et de Sécurité à travers la fourniture en équipements notamment les vecteurs aériens et la formation du personnel militaire.

Le renforcement de la coopération entre le Mali et la Russie repose sur les relations politiques et diplomatiques exceptionnelles entre les deux pays.

Notre convergence de vues sur de nombreuses questions internationales raffermit davantage le lien spécial qui nous unit, fondé sur une solidarité sincère, un respect réciproque et un partenariat mutuellement bénéfique.

Votre pays, cher ami Sergueï, et les pays de la Confédération des Etats du Sahel, subissent hélas un acharnement politique, diplomatique et médiatique. Je vous réitère notre entière solidarité et notre présence à vos côtés pour faire face, ensemble, à cette hostilité contre-productive.

La Confédération AES, en plus des actes d’hostilité, fait l’objet d’actes d’agression désormais assumés. Comme vous le savez, Mesdames et Messieurs les Ministres, l’Ukraine revendique publiquement, presque fièrement, son soutien multiple aux groupes terroristes opérant au Sahel et dans mon pays en particulier.

Face à la gravité de cette agression caractérisée, et en attendant la réaction du Conseil de sécurité des Nations Unies suite à sa saisine conjointe par les pays de la Confédération, le Mali a pris des mesures conservatoires, notamment la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Ukraine.

Le Gouvernement a également alerté contre toute tentative de déstabilisation du Mali par l’Ukraine, avec le concours de pays de la région, étant entendu dans ce contexte que tout soutien à l’Ukraine sera considéré comme un soutien au terrorisme international.

Nous ne sommes pas dupes ! L’action néfaste de l’Ukraine n’est que la partie visible de la déstabilisation et de la prolifération de groupes terroristes au Sahel avec l’appui de sponsors étatiques étrangers d’Afrique et d’ailleurs visant à briser la dynamique d’autonomie et de reprise en mains de leurs pays, dynamique engagée par les populations et les dirigeants du Burkina, du Mali et du Niger.

Le Mali remercie les pays qui lui ont manifesté leur solidarité dans sa lutte contre le néocolonialisme et l’impérialisme, qui, retenons-le, n’épargnent personne, et nous savons pouvoir compter sur l’esprit de justice, de paix et de fraternité de tous les pays africains.

  • Mesdames et Messieurs,

Parlant de la région du Sahel, je tiens à souligner que la Confédération des Etats du Sahel (AES), outre sa vocation d’intégration renforcée, constitue une réaction adaptée au défi sécuritaire qui a été imposé à nos Etats.

Ainsi, après la mise en place d’une Alliance de défense collective et d’assistance mutuelle qui a remporté d’importants succès militaires dès sa création le 16 septembre 2023, les Présidents TRAORE du Burkina, GOITA du Mali et TIANI du Niger, ont décidé de renforcer l’intégration des trois (3) pays à travers la création à Niamey, le 06 juillet 2024, de la Confédération des Etats du Sahel (AES), qui couvre les domaines de la Défense, de la Diplomatie et du Développement.

La Confédération AES, que Son Excellence Le Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat du Mali préside pour le mandat inaugural, aspire à élever le cadre des relations institutionnelles entre les trois pays afin de refléter les liens spéciaux de fraternité, de solidarité, de complémentarité et d’amitié qui unissent déjà leurs Peuples pour, à terme, parvenir à une Fédération qui unit les trois pays.

Aujourd’hui, la Confédération AES est incontestablement un nouvel acteur géopolitique majeur, cohérent, solide et dynamique, bâtie sur une vision de refondation de l’intégration africaine et d’autonomie.

Au plan national, le Mali a réalisé des avancées notables grâce à l’instauration de mesures visant une gestion efficace des ressources publiques et l’accélération de nouveaux leviers destinés à renforcer la souveraineté sur les ressources naturelles tout en améliorant les conditions de vie des citoyens.

Ces mesures de gouvernance intègrent également une dimension politique et sécuritaire. Cela inclut les progrès réalisés dans le domaine de la sécurité, spécifiquement depuis le retrait des Forces étrangères. Il convient également de mentionner les réformes politiques et institutionnelles et l’appropriation nationale du processus de paix.

  • Mesdames et Messieurs,

L’ordre mondial, fondé sur des valeurs essentielles telles que la liberté et le respect du droit international, l’égalité souveraine des Etats et la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays, et garant de la stabilité et de la prospérité dans le monde, cet ordre mondial est aujourd’hui menacé par l’unilatéralisme de certains pays. La crise du multilatéralisme a des répercussions significatives et complexes sur la souveraineté des Etats.

La configuration internationale actuelle, caractérisée par une montée en puissance des pays émergents, appelle une refonte des mécanismes de gouvernance mondiale. Les contours de l’ordre multipolaire doivent intégrer cette nouvelle réalité politique et économique. L’émergence d’un monde multipolaire est en cours et ce processus irréversible favorisera l’émergence de nouvelles forces économiques.

Je saisis cette occasion pour saluer la Fédération de Russie et les autres pays du BRICS, pour les conclusions pertinentes du Sommet tenu à Kazan du 22 au 24 octobre dernier. L’alternative crédible offerte par les BRICS permet de pallier les mesures coercitives et illégitimes imposées à des Etats souverains. Les double-standards, y compris les sanctions à géométrie variable, érodent la confiance dans la gouvernance mondiale actuelle.

  • Mesdames et Messieurs,

Cette Conférence ministérielle doit permettre une évaluation de la mise en œuvre des engagements issus du 2ème Sommet Russie – Afrique.

Elle doit permettre de tracer des perspectives pour raffermir notre partenariat et proposer des pistes pour l’avenir.

Le changement auquel nous aspirons à travers ce partenariat, passe nécessairement par un engagement accru des pays africains afin que chaque partie prenne toute sa part dans la mise en place d’un partenariat vertueux, respectueux, mutuellement avantageux et d’égal à égal.

Vive la coopération entre l’Afrique et la Russie pour l’avènement d’un monde en paix, stable, juste et équitable.

Je vous remercie.

Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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