0076/HAAC/01-2023/pl/P
Le Ghana, premier producteur d’or en Afrique, vient d’initier un vaste audit de ses exploitations minières, avec pour objectif affiché de vérifier la conformité des paiements de redevances et d’impôts et de renforcer la transparence dans le secteur. Cette démarche, bien que saluée pour ses ambitions de bonne gouvernance, suscite des inquiétudes dans l’industrie minière, qui redoute un scénario similaire à celui du Mali.
En effet, au Mali, un audit similaire avait débouché sur des réclamations financières massives adressées aux compagnies minières, accusées de sous-déclarations et de manquements fiscaux. Le spectre de telles sanctions plane désormais sur les opérateurs ghanéens, même si aucune entreprise n’a encore réagi publiquement.
Dans une lettre datée du 13 octobre, la Minerals Commission — régulateur du secteur — a exigé des compagnies minières qu’elles transmettent, au plus tard le 31 octobre, une série de documents électroniques. Ces pièces incluent :
- Les journaux de production couvrant les dix dernières années,
- Les manifestes de stock et d’expédition,
- Les contrats d’achat,
- Les états financiers et registres de paiements fiscaux et de redevances des trois dernières années.
Cette opération de vérification pourrait marquer un tournant dans la gestion des ressources extractives au Ghana. Elle s’inscrit dans une dynamique régionale où les États cherchent à mieux capter les revenus miniers et à lutter contre l’évasion fiscale. Mais elle soulève aussi des interrogations sur les risques de tensions entre l’État et les multinationales, et sur les répercussions économiques d’un éventuel contentieux.
Le Ghana joue ainsi une carte délicate : entre exigence de transparence et maintien de l’attractivité de son secteur minier. L’issue de cet audit pourrait bien redéfinir les rapports de force dans l’or africain.





