La presse italienne, et particulièrement celle de droite, donnée hyper favorite aux élections du 25 septembre prochain, bien que distraite par une campagne qui bat son plein, a suivi avec beaucoup d’attention la récente visite du président français, Emmanuel Macron, en Algérie et l’a gratifiée de commentaires au vitriol, rappelant que les partenariats hautement stratégiques doivent impérativement «vider les armoires des squelettes du passé».
Une presse qui n’a jamais porté le locataire de l’Elysée dans son cœur et qui rappelle à chaque occasion que la déstabilisation en Méditerranée a été l’œuvre de l’un de ses prédécesseurs, en 2011.
Présentant cette visite comme une tentative désespérée de la part du président français de recoller les morceaux de l’échiquier méditerranéen, entre crise énergétique et enjeux de sécurité, notamment dans le Sahel et en Libye, les quotidiens La Verità et Il Giornale, propriété de Silvio Berlusconi, ont indiqué de manière catégorique que celle-ci s’est achevée sans résultats tangibles. Car, a-t-on pu lire, si sur la forme, le fait qu’Emmanuel Macron se soit rendu en Algérie a témoigné d’un certain réchauffement de la relation algéro-française, sur le fond, la France a échoué à obtenir un engagement ferme sur les principaux objectifs de ce déplacement, notamment le dossier des sans-papiers, la question libyenne, le Mali et les bonnes relations entre Alger et Moscou.
Certes, des éditoriaux ont relevé, ici et là, une approche plus pragmatique de Paris, qui peut s’expliquer par les prévisions alarmantes d’un hiver ressentant de la guerre en Ukraine et de l’envolée des cours mondiaux du gaz. Mais Alger, en situation de face à face avec Paris et forte de ses relations avec nombre d’axes dynamiques dans le monde, a écouté mais illustré sa vision multilatérale des divers dossiers sur la table.
Sur ce point précis, les experts italiens ont souligné que les temps ont changé : sur le plan de la politique énergétique, mais aussi sur celui de la sécurité régionale, les Algériens ne souhaitent pas jouer le rôle d’auxiliaires de l’Europe et font valoir désormais leur propre projection stratégique, commente-t-on à Rome où on affirme que sur ces deux dossiers, Emmanuel Macron «est reparti les mains vides».
L’Algérie, a-t-on lu, continue de faire le choix d’une gestion sérieuse des dossiers internationaux et agit en totale autonomie quant à ses options stratégiques. Ce choix illustré par le renforcement de sa coopération militaire avec la Russie, formalisé par plusieurs accords, n’excluant pas néanmoins l’exploration d’autres partenariats commerciaux et sécuritaires, le tout dans un contexte en évolution, fortement impacté par la guerre en Ukraine, mais gérés cas par cas.
Tous les commentaires reviennent enfin sur les atouts du partenariat algéro-italien, plus ambitieux et sans aucun passif historique, répondant aux besoins des économies des deux pays et faisant valoir des projets dûment pesés et en aucun cas imposés par un quelconque sentiment velléitaire de chasse gardée.
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