Les légendes cachent toujours des vérités qui ne sont pas bonnes à découvrir. Les Jeux olympiques représentent dans l’image universelle, la noble confrontation, la fraternité des peuples et la gloire des valeurs. C’est pourtant à mille lieux de celles du créateur des Jeux olympiques modernes, ce qui est tout de même embêtant. Les mystifications sont nombreuses dans l’histoire, celle-ci est à retenir car au cœur d’un événement planétaire récurrent.
Il ne faut pas se méprendre sur le sens de cet article qui n’est pas celui d’un opposant farouche à leur tenue, bien au contraire. Je serais très triste si la disparition des Jeux venait à arriver un jour. Mais l’esprit de discernement doit toujours être en éveil lorsque la fascination s’accapare de l’être humain. Il nous permet notamment de remettre dans la lumière de la vérité un homme si idolâtré
Beaucoup de lecteurs ne découvriront pas cette vérité mais il faut parfois la rappeler en y mettant une forme et un regard personnalisé tout en la faisant découvrir à d’autres. Plus les années passent et plus la légende s’effrite bien qu’elle ne disparaîtra jamais puisque c’est sa nature de persister malgré toutes les évidences.
Quelle est l’histoire de cette mystification ?
Un aristocrate bien né au projet ambigu. Le baron Pierre de Coubertin est né à Paris en 1863 dans une famille catholique fervente. Il naît ainsi dans un milieu aisé et donc baigné par l’instruction et la formation intellectuelle qui le rendent curieux de tout.
Il est très connu que tout va vraiment commencer à partir de son voyage en Angleterre et en Amérique. Il fut fasciné par l’intérêt que donnent ces deux pays au sport et à la vitalité de la jeunesse, une idée particulièrement réservée aux couches sociales élevées et à la noblesse britannique (au sens du XIX ème siècle).
Il veut introduire cet esprit dans le système éducatif français à travers de multiples activités. Il faut rappeler qu’il était lui-même un grand sportif en pratiquant l’équitation, la boxe et l’escrime (retenez ces trois disciplines pour la suite du développement). Il faut rajouter qu’il est également un partisan du développement du scoutisme et des valeurs chrétiennes (n’oublions pas que les deux sont liés).
Tout cela ne vous semble pas déjà ambigu et ne vous oriente pas vers un chemin de conclusions, tout au moins de faisceaux d’indices ?
Mais oui, voyons, nous sommes là dans les racines idéologiques de la plus détestable et dangereuse des doctrines qui va dévaster l’Europe au XX ème siècle, le fascisme d’extrême droite. Il y a dans cette première évocation de l’homme non pas un objectif éducatif mais totalement conservateur et bien pire.
Le personnage était convaincu que l’organisation sociale rigide et les valeurs chrétiennes et moralistes étaient le fondement de la civilisation européenne qui veut perpétuer ses racines enfouies profondément dans un passé glorieux et dominant.
Ce n’était pas tant le sport en lui-même qui l’intéressait mais ce qu’il représentait dans sa classe sociale qui veut se maintenir dans des pratiques issues de la noble chevalerie. Revenons à ce que je vous avais demandé de retenir pour la suite, l’équitation, l’escrime et la boxe. C’était la parfaite représentation de la noblesse du moyen-âge à laquelle son milieu social s’agrippait farouchement pour attester de sa noble descendance.
La force, la pureté et la loyauté envers le monarque sacré par le pouvoir divin ont toujours été les bases fondatrices pour la caste nobiliaire. L’esprit guerrier était indispensable pour garantir la pureté des valeurs chrétiennes et les conquêtes, pour les diffuser.
Nous avons là suffisamment d’indices qui s’additionnent et concourent à expliquer la nature du personnage qui va construire le projet de l’Olympisme des temps modernes.
Le baron Pierre de Coubertin était racialiste. Il était convaincu que la pureté des civilisations reposait sur la suprématie des races. En ce point la phrase qu’on retient de lui est « Les races sont de valeur différente et à la race blanche, d’essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance ».
Pour l’idée des « journées anthropologiques » qui étaient des compétitions à Saint Louis réservées aux noirs et aux indiens, même si elles sont elles aussi racistes, on ne peut ignorer la réaction de Pierre de Coubertin, « Une mascarade outrageante » et que cette manifestation « se dépouillera de ses oripeaux lorsque ces noirs, ces rouges et ces jaunes apprendront à courir, sauter, à lancer et laisseront les blancs derrière eux ».
Pour ce grand humaniste, toutes les sociétés sont divisées entre les faibles et les forts. Il rajoute l’horrible, «il y a deux races différentes, celle aux regard franc, aux muscles forts, à la démarche assurée et celle des maladifs à la mine résignée et humble, à l’air vaincu. Eh bien, dans les collèges et dans le monde, les faibles sont écartés, le bénéfice de cette éducation n’est appréciable que par les forts ».
Tout à fait en cohérence avec ses idées, il est un ferme partisan du colonialisme dont il justifiera l’inévitable mission civilisatrice par l’incapacité des autres races d’y accéder.
Quant à sa misogynie, elle est tout autant détestable alors que les JO sont censés être une affirmation de l’égalité des genres. « Le véritable héros olympique est, à mon avis, l’adulte mâle individuel ».
Il était inévitable que cette position exécrable soit en parfaite conformité avec les régimes d’extrême droite les plus dévastateurs pour l’humanité. Son rapport avec Hitler est incontestablement attesté dans ce qu’il y a de plus compromettant, c’est le moins qu’on puisse en dire.
Son soutien aux JO du régime du IIIème Reich de Berlin est assumé. Son discours à leur intention est clair et les nazis feront tout pour la nobélisation de Pierre de Coubertin. Nous aurions été jusqu’au gag le plus hilarant.
Mais rien n’y fait, la légende, bien qu’elle s’effrite, reste encore vivace. Ce personnage très controversé a sa statue érigée au musée Grévin avec tout ce que l’humanité recense dans ses artistes, écrivains et autres talents.
Quel meilleur symbole qu’Athènes l’antique ?
Il était évident que cette épouvantable doctrine mena vers l’idée de régénérescence des jeux antiques, le symbole le plus caractéristique de l’homme fort, conquérant et aux valeurs supposées suprêmes.
Une supercherie naît toujours d’une autre qui la prépare et la justifie. La glorieuse civilisation de la Grèce antique était forgée par la suprématie, la force, la guerre et l’affirmation de la grandeur raciale. Les Jeux étaient la manifestation d’une glorification des dieux (par une trêve) en leur prouvant que la puissance de la cité leur était dévouée. La Grèce antique est ainsi supposée être le berceau de la philosophie et de la démocratie et être la matrice de la civilisation européenne.
Quel dommage qu’un si merveilleux événement soit entaché par un aussi gros mensonge qui est à son origine et qui le contamine. Il est temps qu’on mette aux déchets de l’histoire un homme éminemment horrifiant.
Je ne peux quitter le lecteur sans lui confesser ce que je n’avais pas su pendant longtemps. La célèbre devise « l’important n’est pas de gagner mais de participer » n’a pas été prononcée par le baron Pierre de Coubertin mais par l’évêque de Pennsylvanie au cours d’une messe pour les premiers Jeux de Londres.
L’autre citation célèbre concernant les Jeux olympiques est « Citius, Altius, Fortius », le fameux « plus vite, plus haut, plus fort ». L’auteur n’est pas le baron Pierre de Coubertin mais Henri Didon, un religieux catholique qui enseignait dans une école. Et devinez à quoi cela fait référence ? « Plus vite » concerne l’activité du cerveau, donc la spiritualité. « Plus haut » se rapporte à Dieu, et « plus fort » est lié au corps. Nous sommes loin de l’acte sportif mais au cœur de l’objectif doctrinal du baron.
Tout est faux et falsifié dans cette merveilleuse légende pour naïfs.
Le Matin d’Algérie