Le holding public « Madar » a acheté la part de 34% de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) dans Renault Algérie. C’est le premier responsable de ce groupe public, Charaf Eddine Amara, le Président sortant de la Fédération Algérienne de Football (FAF), qui a confirmé officiellement cette information en indiquant que le rachat des parts de la Société Nationale des Véhicules Industriels, estimées à 34%, dans Renault Algérie, intervient dans le sillage de la transfert de la SNVI au Ministère de la Défense.
Charaf Eddine Amara a souligné aussi que l’entrée d’une entreprise de la taille de Madar dans l’industrie automobile représente un ajout qualitatif particulier, et qu’elle entrera en tant que partenaire financier et non en tant que partenaire technologique. Cet aveu est troublant car le premier responsable de « Madar Holding » reconnait que son groupe n’a absolument aucune connaissance particulière des enjeux du secteur automobile. Un secteur, de surcroît, entièrement paralysé en Algérie en raison de la décision du nouveau régime algérien d’interdire la politique de l’assemblage et montage des véhicules neufs pratiquée par le précédent régime Bouteflika.
Que va donc gagner concrètement Madar en injectant encore de l’argent public dans un projet industriel qui est à l’arrêt ? Pis encore, un projet qui risque d’être définitivement fermé car Renault Algérie pourrait bel et bien mettre les clés sous le paillasson en raison de l’entêtement du régime algérien à maintenir l’arrêt de l’industrie du montage des véhicules neufs.
Charaf Eddine Amara a indiqué également qu’il y a une discussion en cours pour reprendre la participation de 20% de la SNVI dans «ZF Algérie», spécialisée dans la production de boîtes de vitesses, selon la même source. La holding Madar veut également reprendre les parts de la SNVIociété nationale des véhicules industriels, estimées à 26 %, dans la société de gardiennage et de sécurité « Sogis ». C’est dire que le holding Madar est en train de racheter à tour de bras des sociétés ou des parts de sociétés sans disposer de la moindre stratégie économique ou financière clairement définie. Ces acquisitions soulèvent des interrogations sur l’agenda réellement tracé par les dirigeants de Madar, un groupe public qui dépense de l’argent public sans compter et sans s’assurer de la rentabilité de ces placements.
Pour rappel, en octobre 2021, la société Nutris SPA appartenant à KouGC, et propriétaire du projet de l’usine d’huiles végétales situé au port de DjenDjen à Jijel, l’entreprise des Kouninef, qui a été nationalisée suite à une décision de justice, a été reprise aussi par le holding public Madar. Jusqu’à aujourd’hui encore, ce projet industriel n’a toujours pas démarré et il demeure au stade de promesse ambitieuse.
Force est ainsi de constater qu’à chaque fois que l’Etat algérien veut se débarrer d’un blocage dans un projet économique majeur, il fait appel au groupe Madar. Or, ce dernier ne cesse d’étendre ses activités à des secteurs qu’il ne maîtrise aucunement et dans lesquels il ne possède aucun savoir-faire particulier. La crainte d’une dilapidation de plus de sommes colossales de l’argent public risque, malheureusement, de se concrétiser tout prochainement donnant ainsi naissance à un scandale de mauvaise gestion. Un scandale de plus.
Soulignons enfin que le groupe Madar est né dans le sillage de la restructuration de la SNTA, l’historique Société Nationale des Tabacs et Allumettes. La restructuration stratégique de la SNTA en société holding a donné naissance à six (06) filiales spécialisées : dans l’agro-industrie « Global Agri-Food », dans l’impression et packaging « Advanced Pro-Pack Print », dans la métallurgie et industries diverses « SINAATEC », dans l’investissement financier non boursier « ICOSIA Capital », dans le gardiennage et surveillance « EL-HAFDH », ainsi que le mythique club de football « Chabab Riadi de Belouizdad (CRB) ». Par ailleurs, le groupe compte six (06) participations avec des partenaires algériens et étrangers, qui sont : la société United Tobacco Company (UTC), la Société des Tabacs Algéro-émiratie (Staem), la société de textile (Tayal), la Société d’Investissement Hôtelière algérienne (SIH), la Société de gardiennage et de surveillance centre (SGSC) et le Groupement Algerian Corporate Universities (GACU).
MADAR a une participation de 51 % dans la société United Tobacco Company (UTC), et 49 % dans la Société des tabacs algéro-émiratie (Staem). Dans les industries du textile, il détient 18 % de la société Tayal, un partenariat algéro-turc. Il gère également une association dans la Société d’investissement hôtelière algérienne (SIH), à hauteur de 11 %. Dans les métiers de la protection des biens et des personnes, MADAR est actionnaire à 13,46 % dans la Société de gardiennage et de surveillance Centre (SGS). Dans le domaine de la formation, MADAR est actionnaire à hauteur de 7 % dans le cadre d’un groupement en partenariat public-privé dénommé Algerian Corporate Universities (GACU).
Une énorme opacité financière règne autour des résultats financiers du groupe Madar. Ces résultats sont rarement rendus publics et expertisés. On sait uniquement que le Groupe MADAR a réalisé un chiffre d’affaires de 30 909 MDA en 2016 et emploie un effectif de 2 456 agents. Depuis 2016, aucune information fiable n’a filtré sur les véritables performances financières du groupe Madar.
Source Algériepart Plus