Planète : La climatisation, une solution contre la surmortalité liée à la chaleur ?

À chaque fois que les températures grimpent, le débat s’ouvre à nouveau. Faut-il ou non céder aux sirènes de la climatisation ? Dans un fil X, Magali Reghezza, docteur en géographie, se penche sur la question. Et spoiler, une fois encore, les choses ne sont pas si simples.

Quand les températures grimpent, l’urgence, c’est de rafraîchir l’atmosphère. Parce que rafraichir l’atmosphère fait baisser la mortalité. Mais selon Magali Reghezza, docteure en géographie, la manière de rafraîchir compte. Partout dans le monde, et jusqu’en France, la chaleur tue. Comment lutter contre cette mortalité ?

La première façon de lutter, c’est d’agir sur l’aléa. Comprenez, de réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre pour stabiliser – puis faire reculer – le réchauffement climatique. Parce que, rappelons-le, la mortalité découle de la combinaison de trois éléments. L’aléa est le premier. Or, l’aléa canicule ou fortes chaleurs augmentent en fréquence, en intensité, en durée et en précocité avec le réchauffement climatique anthropique. Mais l’aléa seul n’explique pas tout…

Absolument. Le deuxième élément important, c’est l’exposition. Sortir en plein soleil ou vivre dans une « bouilloire thermique ». Ainsi certaines personnes sont plus exposées que d’autres. Les sans domiciles fixes, par exemple. Vous évoquiez une combinaison de trois éléments pour expliquer la mortalité liée à la chaleur…

Le troisième, c’est la vulnérabilité. Le fait que certains sont plus fragiles, physiquement ou physiologiquement, que d’autres. C’est désormais assez connu. Il s’agit des personnes âgées, des nourrissons ou encore des personnes malades, par exemple.

La climatisation peut sauver des vies. C’est un ajustement réactif et palliatif, parfois indispensable. Un ajustement qui ne doit pas cacher le fait que nous avons besoin, pour nous adapter au réchauffement climatique, d’une véritable transformation structurelle. Nous devons climatiser les transports en commun et les espaces de santé. Créer des espaces frais partagés. Mais généraliser la climatisation serait une maladaptation au réchauffement climatique. Parce que la climatisation ne suffit pas. Notamment pour les logements mal isolés. Pour éviter un accroissement de la précarité énergétique, plus que la climatisation, c’est la construction de réseaux de froid – des canalisations qui acheminent du froid avec une efficacité énergétique bien meilleure que celle des systèmes classiques – et la rénovation confort d’été qui doivent être généralisées.

La lutte contre les îlots de chaleur urbains, par exemple. Le phénomène est bien connu désormais. Et les caractéristiques physiques de la ville et des bâtiments qui le favorisent sont identifiés. Ce qui est certain, c’est que baisser la surmortalité liée à la chaleur en ville alors que le climat va continuer à changer ne se résume pas à l’installation ou non de systèmes de climatisation. Cela passe par une « adaptation transformationnelle » globale. C’est une question d’aménagement, d’urbanisme et d’architecture. Il va falloir revoir notre utilisation de l’eau, la végétalisation, la hauteur des bâtiments, la forme des rues, les couleurs et les matériaux employés pour construire nos immeubles, nos horaires de travail et de vie, etc.

Futura-Sciences

Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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