RCA : Quand les institutions se lancent des défis mettant ainsi en péril l’équilibre démocratique de la 7ème République

La Constitution du 30 août 2023 représente un espoir pour le peuple centrafricain qui croit que toutes leurs aspirations légitimes ont été prises en compte dans cette nouvelle loi fondamentale. En effet, le peuple était résolu à construire un Etat de droit fondé sur une démocratie pluraliste et le respect de la séparation des pouvoirs. Malheureusement cet espoir que nourrit le peuple risque d’être peine perdue à la lumière de la tension politique actuelle entre l’exécutif et le législatif. La récente tension entre l’Assemblée nationale et le gouvernement centrafricain soulève des questions cruciales sur la gouvernance, le contrôle institutionnel et la responsabilité des acteurs politiques. En exerçant son rôle fondamental de contrôle de l’action gouvernementale, l’Assemblée nationale a interpellé le ministre de la jeunesse en raison de son comportement qui jette le discrédit sur l’exécutif. Ce dernier, en refusant de se présenter devant les députés, a ouvert la voie à une escalade des tensions.
Développement du dossier :
Pour la petite histoire, l’Assemblée nationale avait interpellé le Premier ministre Félix Moloua le 14 mai au sujet du comportement désobligeant du ministre Doneng qui n’avait pas répondu son appel.
Par la suite, l’Assemblée nationale a décidé de formuler des recommandations, se réunissant le 16 mai, pour établir le contenu de la correspondance officiellement adressée au Chef du gouvernement.De source proche du dossier, le processus a été mené par le premier secrétaire parlementaire et le secrétaire général de la Représentation nationale, suivant les instructions données. Le 19 mai, alors que le Président de l’Assemblée nationale était en mission à Moscou, la note préparée a été signée par le Vice-Président, qui assurait l’intérim. Il a précisé que cette action était strictement administrative et que le document stipulait clairement son statut de signature : « Pour le Président de l’Assemblée nationale, le Premier Vice-Président.


Ainsi, c’est l’Assemblée nationale, deuxième institution de la République, qui a adressé une note au Premier ministre, exigeant le limogeage immédiat d’un ministre dont le comportement est jugé irrespectueux et non conforme aux normes de décence. Ce ministre semble ignorer les conventions et les protocoles en vigueur, affirmant qu’il n’a de comptes à rendre ni au président de l’Assemblée nationale, ni aux députés eux-mêmes. Une fuite inquiétante : Cependant, la simple question reste en suspens : comment un document, initialement destiné au Premier ministre, a-t-il fini sur les réseaux sociaux ? Cette question souligne l’inquiétude quant à la sécurité des informations à l’intérieur des institutions gouvernementales. L’absence de réponses sur l’origine de cette fuite crée des doutes et nécessite une enquête approfondie pour éclaircir la situation.


Analyse de cette affaire :
Le fait que l’Assemblée nationale ait décidé d’envoyer une note au Premier ministre pour exiger la démission de ce ministre témoigne de sa volonté de défendre ses prérogatives. Cependant, la fuite de cette note sur les réseaux sociaux témoigne d’un manque de confidentialité qui pourrait avoir des répercussions désastreuses sur le fonctionnement même des institutions. La question se pose : comment ce document sensible a-t-il pu échapper à la discrétion, et quelles mesures urgentes peuvent être mises en place pour éviter de telles situations à l’avenir ?Il est impératif de renforcer les mécanismes de sécurité entourant les communications entre l’Assemblée nationale et le gouvernement. La mise en place de protocoles rigoureux pour assurer la confidentialité des documents diplomatiques et administratifs est essentielle. Des formations à la sécurité de l’information pour les agents et collaborateurs doivent également être envisagées afin de prévenir la diffusion non autorisée d’informations sensibles.
En ce qui concerne la menace du ministre envers les députés, cela soulève des inquiétudes quant au respect de l’autorité de l’Assemblée nationale. Les accusations d’injures et de diffamation viennent s’ajouter à la gravité de la situation, soulignant l’importance d’un climat de respect mutuel entre les institutions.La possibilité pour l’Assemblée nationale de voter une motion de censure contre le gouvernement est une option à considérer, mais cela doit être fait avec prudence. Une telle action nécessite une majorité pour être effective et peut entraîner une crise institutionnelle plus large, affaiblissant ainsi la gouvernance du pays. Une solution pragmatique pourrait passer par des discussions ouvertes entre les différents acteurs politiques pour rétablir un dialogue constructif et résoudre les tensions avant qu’elles ne s’intensifient davantage.


En définitive :
Cette affaire met en lumière non seulement des tensions interpersonnelles au sein du gouvernement, mais également des enjeux de transparence et de confidentialité qui sont cruciaux pour le fonctionnement efficace des institutions. Dans cette optique, il est impératif de déterminer comment de tels incidents peuvent être évités à l’avenir, tout en préservant la dignité des discussions politiques au sein de l’Assemblée nationale.
En conclusion, cet épisode dramatique rappelle l’importance du respect des institutions et de la communication transparente entre les différents échelons de pouvoir. Pour éviter de futures crises, le renforcement des mesures de confidentialité et la promotion d’un dialogue constructif entre les acteurs politiques sont des stratégies essentielles à mettre en œuvre.

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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